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Amable alla leur parler, car Walter voulait voir M. Morris, le ministre, d’abord, après la visite du médecin.

— Ne descendez pas, dit-il à Philippe ; vous savez que nous avons besoin de vous ; allez seulement dans le salon.

Longtemps auparavant, on avait envoyé des lettres à Venise, pour demander qu’un ministre anglican voulût bien venir à Recoara. Jusque-là personne n’avait répondu, et M. Morris était le premier qui fût venu. Il était fort jeune, et voyageait pour sa santé, avec un frère qui avait grand’peur qu’il ne se fatiguât trop. Il y avait fort peu de temps qu’il était consacré, et Amy vit aisément, bien qu’il fût très aimable et très bon, qu’il ne fallait pas lui demander d’autres services que ceux de son office. Elle l’amena donc auprès du malade, avec qui elle le laissa seul, et passa dans sa chambre, d’où elle ne sortait que quand on avait besoin d’elle. M. Morris paraissait très édifié des sentiments du mourant, qui voulait communier encore une fois. Amable appela Anne et Arnaud pour prendre part à la cérémonie, puis elle alla aussi chercher Philippe.

Elle le trouva assis, la tête cachée dans ses mains, et abîmé dans sa douleur.

— Philippe, venez ; nous n’attendons que vous.

— Je ne puis ; je n’en suis pas digne ! répondit-il d’une voix étouffée.

— Sans doute vous ne nourrissez plus de sentiments contraires à la charité ? dit-elle doucement.