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rochers, respirant le vent de la mer, écoutant le murmure des flots, regardant le ciel, l’océan… Vous les verrez un jour… Après tout, ce sont des regrets terrestres !…

Pendant la soirée, il parut méditer, et ne parla que pour charger Amable de quelques messages pour les habitants de Redclyffe ou de Hollywell, pour nommer la petite Marianne Dixon et ses autres protégés. Elle pensa qu’il n’oubliait personne de ceux qu’il avait connus, pas même la vieille bonne à Hollywell, et il se les rappelait tous avec un plaisir tranquille. À onze heures et demie, il l’envoya au lit ; elle obéit avec soumission, espérant qu’il s’endormirait. Le jour commençait à poindre lorsqu’Amy revint vers son époux, et fut reçue avec un sourire plus radieux que jamais. Ce sourire éclairait toute sa physionomie et reposait sur son front et ses yeux autant que sur ses lèvres.

— Vous avez passé une bonne nuit ? demanda-t-elle.

— Mon vœu a été accompli ; j’ai revu Redclyffe.

Et, voyant qu’elle était surprise :

— C’était une espèce de rêve, quoique je n’aie pas complétement perdu la conscience de ma situation présente. C’était ravissant ! Je voyais les vagues transparentes et éclairées… l’écume… les oiseaux de mer… les arbres… le Shag… le ciel… et tous plus glorieux qu’ils ne m’avaient jamais semblé !

— Je suis heureuse, dit Amy, s’associant à cet étrange bonheur.

— Quelle grâce ! Ce désir même a donc été exaucé !