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tourner auprès de son mari. Cependant, quoique Walter l’envoyât souvent se reposer ou soigner Philippe, elle savait qu’il était plus inquiet et plus agité en son absence, et son regard satisfait, quand elle rentrait, en disait plus que de longues plaintes.

C’était une grande douleur pour Philippe de se sentir inactif et dépendant, quand Amable aurait eu un si grand besoin de secours, et de se regarder comme la cause de la maladie de Walter, sans pouvoir lui rendre les soins qu’il en avait reçus. Si on lui avait prédit cet état de choses quelques semaines auparavant, il aurait souri avec dédain, à la pensée d’une enfant comme Amable chargée du soin de deux malades, sans qu’il pût lui donner même des conseils. Cependant tout allait bien, et, quoique sa cousine fût rarement avec lui, elle veillait à son bien-être ; il ne se sentait pas abandonné. Il était souvent seul, et comme sa tête et sa vue étaient encore trop faibles pour lui permettre de lire, il n’avait que ses pensées pour se distraire. Elles n’étaient pas gaies, et, si la maladie de Walter avait été aussi grave que la sienne, il n’aurait pu se pardonner de l’avoir causée par son imprudence. Imprudence ! ce mot était bien humiliant, et cependant ce n’était pas là le poids le plus lourd que Philippe eût sur la conscience ! Walter n’avait pas été pour lui un ami ordinaire, mais il lui avait rendu le bien pour le mal ; et, à présent que Philippe avait apprécié son caractère noble et généreux, il ne pouvait plus se dissimuler qu’il avait agi contrairement à la charité, en le soupçonnant toujours.