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sujet de Laura était l’effet du délire ; mais Walter ne trouvait pas naturel qu’il évitât de parler des personnes qui devaient l’intéresser. Philippe était très patient dans sa faiblesse, toujours reconnaissant et facile à contenter, et ses manières peu gracieuses envers Walter avaient entièrement disparu. Il aimait à être servi par lui, et recevait ses services avec gratitude, tout en paraissant craindre de le fatiguer, et sans lui donner des avis, selon son ancienne habitude.

Un soir, Walter écrivait auprès du lit de Philippe, qu’il croyait endormi, quand le malade lui demanda :

— Écrivez-vous à Hollywell ?

— Oui, à Charlotte ; mais je ne suis pas pressé : ma lettre ne partira que demain, avez-vous quelque commission ?

— Non, merci.

Walter crut l’entendre soupirer, puis il y eut un long silence, après lequel Philippe reprit :

— Walter, ai-je dit quelque chose de Laura ?

— Oui, dit Walter, en posant sa plume.

— Je le pensais, mais je n’en étais pas sûr. J’espère que ce n’était pas quand j’étais dans le délire ?

— Non, dans ces moments-là vous n’étiez pas souvent intelligible ; vous tâchiez ordinairement de parler italien, ou bien vous croyiez être à Stylehurst. La seule fois que vous ayez prononcé son nom, c’était la nuit qui a précédé la plus mauvaise.

— Je m’en souviens, dit Philippe ; je ne veux pas renoncer à la résolution que je pris alors, quoique je