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une quinzaine de jours. Un soir, au moment où le médecin français partait, il dit à Walter qu’il reviendrait le lendemain sans faute, parce qu’il avait lieu d’attendre une crise. Walter demeura toute la nuit assis auprès du lit de son cousin, observant le moindre changement de sa figure amaigrie, et tous les mouvements de ses membres inquiets. Il réfléchit à tout ce qui s’était passé entre eux dès l’origine ; à cette étrange inimitié, héritée de leurs ancêtres, et que rien encore n’avait pu détruire. Jamais Philippe ne l’avait compris, et lui, quoiqu’il le respectât et désirât son amitié, il s’était toujours senti repoussé par ses manières. Il souhaitait maintenant de tout son cœur que cette vie précieuse fût conservée ; mais, si cela ne se pouvait pas, son vœu le plus ardent était de pouvoir échanger avec son cousin quelques paroles d’adieu, de pardon, de complète réconciliation.

C’est ainsi que Walter rêva durant la nuit, tout en essayant de comprendre les paroles que les lèvres de Philippe semblaient murmurer. Vers le matin, le malade s’éveilla assez complétement, et, comme Walter lui prit la main pour compter les battements du pouls, il dit d’une voix faible :

— Combien ?… Et ses yeux reprirent une expression plus naturelle.

— Je ne puis compter, répondit Walter ; mais il bat moins vite qu’hier au soir. Voulez-vous boire ?

Philippe accepta ; puis, faisant un effort pour se tourner un peu, il demanda :

— Quel jour est-ce, aujourd’hui ?