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inutilement, et j’aime mieux que de pareils sujets ne soient pas même mentionnés devant Amy.

Il pourra sembler surprenant que madame Edmonstone confiât un semblable secret à son fils ; mais elle savait que, dans une affaire qui intéressait sérieusement l’avenir de ses sœurs, on pouvait compter sur sa discrétion : une entière confiance était la seule manière de faire cesser ses plaisanteries, qui auraient pu causer beaucoup de mal, et découvrir ce que l’on voulait cacher. D’ailleurs Charles était devenu plus sensé ; on pouvait avoir plus de confiance en lui que par le passé, et madame Edmonstone, qui n’aurait pu garder un secret comme sa fille, n’eut pas à se repentir du choix qu’elle avait fait d’un confident. Philippe fit sa visite comme on l’avait arrêté ; elle fut remplie de petits embarras. D’abord lady Eveline se trouvait encore là, contre l’attente de Philippe. On lui avait persuadé de rester encore pour le dîner du jeudi ; mais M. Thorndaie, comme le remarqua Charles, se comporta avec beaucoup de sagesse, et se tint principalement avec les hommes.

Laura était grave et silencieuse, et ne réussissait qu’à paraître contrainte, en affectant un air naturel. Philippe était aussi rempli d’une anxiété qu’il ne parvenait pas à dissimuler. Walter lui-même n’avait pas sa gaieté habituelle, ne sachant trop si l’on avait complètement oublié l’affaire du bal.

Amable ne comprenait pas ce qui était arrivé à tout le monde, et cherchait en vain à rétablir la confiance et l’intimité. Dans la soirée, on eut recours à