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Dès lors les choses changèrent de face à Hollywell ; les soirées étaient réservées aux amusements, mais les matinées au travail. Walter se tenait dans sa chambre, comme l’hiver précédent. Laura commença un dessin fort difficile, et entreprit la lecture d’un ouvrage allemand avec l’aide du dictionnaire ; Amy celle d’un livre d’histoire, et de plus elle étudiait régulièrement la musique. Charles lui-même fit des lectures plus suivies, et recommença ses études avec Walter et Amy. Lady Eveline se joignait tour à tour aux uns et aux autres, se plaignant de ne pouvoir passer son temps aussi sensément quand elle était chez elle.

Laura tâcha de lui persuader qu’elle n’avait pas besoin de vivre comme ceux qui l’entouraient, et lui fit promettre d’employer chaque matin une heure à l’étude, quand elle serait chez elle ; enfin elle lui parla d’une manière si sage, qu’Eveline l’admira plus que jamais.

Cependant Laura ne se sentait pas heureuse. Elle était contrainte vis-à-vis de Walter ; elle désirait avec ardeur de voir Philippe, et n’osait le témoigner ; enfin elle était surprise qu’il ne fût pas venu à Hollywell depuis le bal, sachant qu’elle partait dans une quinzaine de jours pour l’Irlande, et ne reviendrait probablement pas avant que son régiment eût quitté Broadstone. Cette absence prolongée fut remarquée même par les autres membres de la famille ; mais enfin Philippe arriva un jour, un peu avant le goûter, et trop tard pour passer avec ses cousines ces heures de la