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— Quelle idée ! dit Laura, en rougissant d’autant plus qu’elle était fâchée de rougir.

— Eh bien ! Laura, dites-moi avec qui vous avez dansé ?

Faut-il, se disait Laura, que je ne puisse répondre sans rougir à une question si naturelle ! Il pensera que c’est parce qu’il me parle. Et elle répondit :

— D’abord avec Maurice, avec Philippe…

À ce nom elle s’arrêta, sa mémoire lui faisant défaut tout à coup, au grand étonnement d’Amable et d’Eveline.

La conversation continua de rouler sur le bal, et Walter crut que l’on ne pensait plus à son absence. Mais, le lendemain, il alla à Broadstone, et, en rentrant à la maison, il trouva le salon rempli de visites, en sorte qu’il fut obligé de s’asseoir et de se joindre à la conversation. Madame Edmonstone vit bien qu’il était fort impatient, et qu’il avait grande envie de lui parler en particulier ; mais à peine les dames Broulow furent-elles enfin parties, que M. Edmonstone entra avec une longue lettre qu’il voulait faire lire à sa femme. Walter quitta le salon, par discrétion, et alla se promener en long et en large sur la terrasse. Un moment après, ayant vu Amable traverser la prairie pour venir dans le jardin, il s’avança pour lui ouvrir la grille.

— Qu’avez-vous donc ? lui demanda-t-elle en le regardant.

— Rien, Mademoiselle, si ce n’est que je me suis mis dans de grands embarras, et que j’attends votre mère.