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VOYAGES DES PÈLERINS BOUDDHISTES.

talents supérieurs. Les hommes les plus distingués des pays lointains, qu’attire leur mérite, se rendent à ce couvent et y fixent leur séjour. Le roi et ses ministres, les magistrats et les hommes puissants, les honorent en leur faisant les quatre offrandes. Le respect qu’on leur témoigne s’augmente de jour en jour.

Si l’on consulte les anciennes descriptions de ce pays, on y lit ce qui suit : « Jadis, le premier roi de ce royaume révérait les trois Précieux. Il voulut, un jour, voyager dans le monde pour voir et adorer les monuments sacrés. Il ordonna alors à son frère cadet du côté maternel de rester pour diriger à sa place les affaires du royaume.

« Dès que le frère cadet du roi eut reçu cet ordre, il se coupa lui-même les testicules pour prévenir tout soupçon, et les renferma dans une boîte d’or, soigneusement scellée, qu’il alla porter au roi.

« Le roi lui dit : « Que signifie ceci ? »

« Il répondit : « Ce n’est qu’au retour de Votre Majesté que cette boîte devra être ouverte. » Le roi la remit à son intendant qui en confia la garde aux soldats de la suite. Quand le roi fut revenu de son voyage, il y eut des artisans de malheur qui lui dirent : « Celui que Votre Majesté avait chargé de veiller sur les affaires du royaume a porté le désordre et la débauche dans le palais central[1]. » Le roi fui transporté de colère, et voulut lui faire subir un cruel supplice.

  1. Tchong-kong, palais habité par les favorites du roi, qui répond au harem des musulmans.