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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. II.

ce qui regarde les bœufs, les ânes, les éléphants, les chevaux, les porcs, les chiens, les renards, les loups, les lions et les singes, la loi défend de les manger. Ceux qui en font leur nourriture sont couverts de honte et de mépris, et ils deviennent pour tout le monde un objet de haine et de dégoût. Repoussés de la société, ils vivent en dehors des murs de la ville, et ne se montrent que rarement parmi les hommes.

Quant aux vins et aux liqueurs, on en distingue plusieurs sortes. Le jus des raisins et des cannes à sucre est le breuvage des T’sa-ti-li (Kchattriyas) ; la liqueur forte tirée de grains fermentés est celle des Feï-che (Vâiçyas). Les Cha-men (Çramaṇas) et les Po-lo-men (Brâhmanes) boivent le jus du raisin ou celui de la canne à sucre, qui diffèrent tout à fait du vin distillé.

Les diverses familles et les classes de basse condition n’ont rien qui les sépare et les distingue; seulement, les vases dont elles se servent diffèrent notablement par le travail et la matière. Les Indiens sont abondamment pourvus d’ustensiles appropriés à tous leurs besoins. Quoiqu’ils fassent usage de marmites et de casseroles, ils ne connaissent point les vases de terre appelés Tseng, pour faire cuire le riz[1]. Ils ont beaucoup de vases en argile séchée et se servent rarement de cuivre rouge. Ils mangent dans un seul vase, apprêtent les mets avec

  1. Nous n'avons pas, en français, de synonyme pour rendre le mot 甑 Tseng. C'est un vase en terre, surmonté d'un étage à claire-voie, pour cuire le riz à la vapeur. J'ai été obligé d'emplyer une périphrase.