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leur poste. Les Grecs avaient dépassé la colline ; ils en aperçoivent une autre occupée par l’ennemi ; ils jugent à propos d’y marcher. Mais Xénophon, craignant que, s’il laisse sans défense la colline qui vient d’être enlevée, les Barbares ne la éprennent et ne tombent sur les attelages qui sont en train de défiler lentement par la route étroite, laisse sur la colline les lochages Céphisodore d’Athènes, fils de Céphisophon, Amphicrate d’Athènes, fils de d’Amphidème, et Archagoras, banni d’Argos[1]. Lui-même, avec le reste des troupes, marche à la seconde colline, qu’il prend de la même manière. Restait un troisième mamelon, beaucoup plus escarpé : il dominait le poste où les volontaires avaient surpris, la nuit, l’ennemi laissé auprès du feu. À l’approche des Grecs, les Barbares abandonnent ce mamelon sans combat ; ce qui étonne tout le monde. On se figure que c’est la crainte d’y être enveloppés et assiégés qui les a fait fuir ; mais le fait est que les Carduques, voyant d’en haut ce qui se passait à la queue, s’étaient retirés tous pour charger l’arrière-garde.

Xénophon, avec les plus jeunes soldats, monte au haut du mamelon, et ordonne au reste de marcher lentement, pour que les autres lochages puissent le rejoindre : il leur dit également de se tenir en ordre de bataille, dès qu’ils seront le long de la route sur un terrain uni. Au même instant, arrive précipitamment Archagoras d’Argos. Il raconte qu’on a été débusqué de la colline, que Céphisodore et Amphicrate ont été tués, ainsi que tous ceux qui n’ont pas sauté du haut du rocher et rejoint l’arrière-garde. Cet avantage remporté, les Barbares viennent occuper une autre colline vis-à-vis du dernier mamelon. Xénophon leur propose un armistice par la voie d’un interprète, et redemande les morts. Ils promettent de les rendre, si l’on s’engage à ne point brûler les villages. Xénophon y consent. En ce moment, tandis que l’armée défile et que les pourparlers ont lieu, tous les ennemis accourent ensemble de dessus la colline ; ils se concentrent sur un même point. Les Grecs, de leur côté, commençaient à descendre de la colline, pour rejoindre les autres à l’endroit où étaient posées les armes, lorsque les Barbares s’avancent en grand nombre et en tumulte. Arrivés au sommet du mamelon d’où Xénophon descendait encore, ils roulent des pierres qui cassent la cuisse d’un Grec. L’homme de service de Xénophon, son porte-bouclier, l’avait abandonné.

  1. Il est à croire que ces lochages avaient gardé leurs loches avec eux.