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Babylone et en Médie, celle-là même par où ils sont venus ; que, vers l’Orient, une autre route mène à Suse et à Ecbatane, où le roi passe le printemps et l’été ; qu’en traversant le fleuve du côté du couchant on marche vers la Lydie et l’Ionie, qu’enfin à travers les montagnes et en se tournant vers l’Ourse on se dirige vers les Carduques[1]. Ils ajoutent que ce peuple habite un sol montueux, qu’il est belliqueux et indépendant du roi ; qu’autrefois le roi a envoyé chez eus ; une armée de douze myriades, et qu’il n’en est revenu personne, à cause de la difficulté du terrain ; que pourtant, quand ils étaient en paix avec le satrape de la plaine, il y avait des relations réciproques entre les deux nations.

Après ce rapport, les stratéges font mettre à part les prisonniers qui assurent connaître le pays, et ne disent rien de la route qu’ils veulent prendre. Cependant ils jugent nécessaire de traverser les monts des Carduques. En effet, on leur avait dit qu’au sortir de ces montagnes ils arriveraient en Arménie, pays vaste et fertile, soumis à Orontas, et que de là ils iraient aisément où bon leur semblerait. Cette mesure décidée, ils sacrifient, afin de pouvoir partir à l’heure qu’ils jugeraient convenable, car ils craignaient que l’ennemi ne s’emparât des hauteurs. On donne l’ordre qu’après le dîner tout le monde plie bagage et se retire pour partir au premier signal.


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  1. C’est le peuple qui, aujourd’hui, se nomme les Kourdes.