pêcher nos ennemis de venir nous faire du mal, il nous faut au plus tôt des frondeurs et des cavaliers. J’entends dire qu’il y a dans l’armée des Rhodiens, qu’on donne pour la plupart comme sachant manier la fronde et lancer les pierres deux fois plus loin que les frondeurs perses. Ceux-ci, en effet, se servant de trop grosses pierres, ne peuvent porter loin ; de plus, les Rhodiens savent user de balles de plomb. Si donc nous nous informions quels sont les soldats qui ont des frondes ; si, leur en payant la valeur, nous donnions aussi de l’argent à ceux qui voudraient en tresser d’autres, et qu’en même temps l’on imaginât quelque privilége pour ceux qui s’enrôleraient volontairement parmi les frondeurs, peut-être s’en présenterait-il de propres à ce service. Je vois aussi des chevaux dans l’armée : quelques-uns sont à moi, d’autres ont été laissés par Cléarque ; nous en avons pris un grand nombre qui servent aux bagages : choisissons les meilleurs : faisons des échanges avec les skeuophores, équipons des chevaux de manière à porter des cavaliers ; peut-être eux-mêmes inquiéteront-ils l’ennemi en fuite. »
Cet avis semble bon. Cette nuit même on forme un corps de près de deux cents frondeurs : le lendemain, on choisit environ cinquante chevaux et autant de cavaliers : on leur fournit des casaques et des cuirasses, et l’on met à leur tête Lycius d’Athènes, fils de Polystrate.
CHAPITRE IV.
On séjourne un jour en cet endroit : le lendemain, on en part plus tôt qu’à l’ordinaire : il fallait passer un ravin, et l’on craignait au passage d’être attaqué par les ennemis. À peine est-on passé que Mithridate reparaît avec mille cavaliers et environ quatre mille archers et frondeurs. Il les avait demandés à Tissapherne, qui les lui avait accordés, sur la promesse que, quand il les aurait reçus, il lui livrerait les Grecs qu’il méprisait, parce que, dans les dernières escarmouches, malgré son petit