Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/518

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux devoirs de l’amitié, et, comme il le disait lui-même, à ceux de la vérité, si nous ne nous mettions pas de tout cœur à écrire.

Il m’est déjà tombé entre les mains un écrit de Platon sur ce sujet, avec le nom de Socrate ; et la partie dialoguée ne manque pas de mérite. Je crois pourtant, en lisant ce qui a rapport à Mégare, qu’il ne s’agit là que de certains Mégariens[1]. Pour nous, nous disons que nous n’avons pas entendu là les paroles mêmes de Socrate, et nous ne pouvons les consigner dans nos mémoires[2]. En effet, nous ne sommes pas des poètes comme lui, bien qu’il se défende très-fort de l’être. Car, en faisant le renchéri auprès des beaux, il prétend qu’il n’y a de lui aucun poème ; seulement il s’agit de Socrate jeune et beau. Bonne santé, ô vous les plus sociables des hommes.



II[3]


Célébrant la fête bachique de Diane, que nous avons instituée en Laconie[4], nous avons dépêché vers vous, pour vous prier d’y venir. Ce sera beau, si vous venez tous ; si cela n’est pas possible, envoyez quelques-uns des vôtres y prendre part. Vous nous ferez le plus vif plaisir. Aristippe est ici. Phédon l’a procédé de quelques jours ; ils sont enchantés de la localité, de l’aménagement de la demeure, et surtout des arbres que j’ai plantés de mes propres mains. C’est un terrain de chasse où vous pourrez faire courir vos chiens, pour relever la fête par quelque exploit civil, ce qui ne déplaît point à la déesse, et pour remercier Diane de m’avoir sauvé du roi Barbare, et des maux plus grands encore qui m’ont ensuite assailli dans le Pont et dans la Thrace, quand déjà nous nous croyions échappés du territoire ennemi. Si vous ne venez pas, il faut absolument que je vous écrive. Je compose des espèces de mémoires

  1. Passage obscur, que n’a pu éclairer, même par une traduction latine, l’éditeur des Epîtres socratiques.
  2. Nouvelle obscurité. Nous avons traduit, en nous fondant sur l’idée d’opposition qui suit : « Nous ne sommes pas des poëtes, » laquelle implique un blâme des procédés employés par Platon, que Xénophon accuse d’altérer la pensée réelle de leur commun maître.
  3. C’est la XVIIe des Épîtres socratiques.
  4. Voy. Expédition de Cyrus, V, III.