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qu’on opérant selon ses moyens, si une entreprise est bien conçue, on la suit ; vicieuse, on l’abandonne. D’ailleurs, pour exécuter tout ensemble, il faut avoir des fonds pour tout, au lieu qu’en terminant ceci et en ajournant cela, la rentrée du revenu vient en aide à ce qui reste à faire.

Une chose dont tout le monde semble avoir peur, c’est que, si l’État achète trop d’esclaves, il n’y ait encombrement dans l’exploitation ; mais nous nous épargnerons cette crainte, si nous n’employons pas par an plus d’hommes que n’en réclament les travaux. Selon moi, le procédé le plus simple, en pareille circonstance, est toujours le meilleur à pratiquer.

Si l’on croit encore qu’en raison des charges imposées par la dernière guerre, il n’est pas possible de lever le plus léger impôt, eh bien, la quantité de fonds que l’impôt rendait avant la paix, affectez-la pour l’année prochaine aux services de lÉtat ; puis le surplus que peuvent produire la paix, le bon accueil fait aux marchands et aux métèques, l’affluence d’un plus grand nombre de marchands, l’accroissement de l’importation et de l’exportation, les arrivages plus fréquents dans le port et sur les marchés, ce surplus, dis-je, tâchez de l’employer à l’augmentation de vos revenus. Craint-on que ce projet ne devienne stérile s’il survenait une guerre ? Qu’on songe qu’en le mettant à exécution, la guerre serait beaucoup plus funeste à l’ennemi qu’à notre pays. Car enfin, pour une guerre, quelle meilleure acquisition que des hommes ? Ils peuvent remplir en foule les vaisseaux de l’État ; ils peuvent entrer en foule dans les trouves de terre et devenir redoutables à l’ennemi, pourvu qu’on les traite bien.

Pour ma part, je calcule que, même en temps de guerre, il sera possible de ne pas abandonner les mines. Tout près des mines, du côté de la mer méridionale, nous avons les fortifications d’Anaphlyste[1], puis, du côté de la mer septentrionale, celles de Thoricum[2], à une distance respective d’environ soixante stades. Si l’on voulait élever un troisième fort intermédiaire, à l’endroit le plus élevé du vallon qui les sépare[3], les

  1. Dème ou bourgade où l’on exécutait des vases de terre, très-recherchés par les anciens, à cause de l’élégance de leurs formes et de la beauté de la diaprure, qui surpassait infiniment celle des ouvrages si renommés de la Campanie.
  2. On en extrayait aussi des émeraudes, mais moins brillantes, au dire de Pline l’Ancien, et moins colorées que celles de l’Égypte.
  3. Le bourg de Bésa.