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les adolescents trois hommes, auxquels on donne le nom d’hippagrètes[1], et chacun d’eux choisit cent hommes, en alléguant les motifs du choix ou de l’exclusion. Ceux qui n’ont pas obtenu cette distinction deviennent également ennemis de ceux qui les ont exclus et de ceux qui leur ont été préférés, et ils s’observent les uns les autres, pour voir quiconque péchera contre les lois de l’honneur.

Cette lutte est, entre toutes, la plus agréable aux dieux, la plus utile à l’État, puisqu’on y montre comment doit agir l’homme de cœur, que chacun en particulier s’applique à se placer au-dessus des autres, et qu’au besoin tous, sans exception, sont prêts à secourir la patrie de toute leur âme. Par là aussi ils entretiennent nécessairement leur vigueur. Leur rivalité fait qu’ils se battent partout où ils se rencontrent. Cependant tout homme qui passe a le droit de séparer les combattants ; et celui qui désobéit au survenant, est conduit aux éphores par le pédonome. Ceux-ci le condamnent à une forte amende, pour lui apprendre à ne pas se laisser dominer par la colère, au point de désobéir aux lois.

Ceux qui ont passé l’adolescence, et parmi lesquels on choisit les magistrats, sont dispensés chez les autres Grecs des exercices du corps, quoique astreints au service militaire. Lycurgue a prescrit par une loi qu’il fût honorable à cet âge de se livrer à la chasse, à moins d’une fonction publique, afin de pouvoir, ainsi que les adolescents, supporter les fatigues de la guerre.


CHAPITRE V.


Repas communs[2] ; exercices qui s’y rattachent.


Voilà à peu près ce qui regarde les institutions établies par Lycurgue pour les différents âges : je vais essayer maintenant d’exposer le régime qu’il applique à tous.

Lycurgue ayant trouvé les Spartiates vivant, comme le reste des Grecs, chacun dans leur particulier, mais convaincu qu’il y avait là matière à une extrême mollesse, établit la coutume des

  1. Chevaliers, mais celle désignation n’entraîne pas rigoureusement l’idée d’hommes à cheval.
  2. Voyez la critique de ces repas en commun dans de Pauw, t. II, p. 357.