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tien des Perses et de mon empire. Que chez vous, ainsi que chez moi, les places d’honneur soient toujours occupées par les plus dignes ; que votre table, comme la mienne, soit assez abondamment servie pour nourrir d’abord votre maison, et pour en partager les mets à vos amis, afin d’honorer chaque jour ceux qui font quelque belle action. Ayez des parcs, nourrissez-y des bêtes fauves ; ne prenez point de repas qui ne soit précédé d’un exercice, et ne souffrez point qu’on donne à manger à vos chevaux sans qu’ils aient travaillé. Avec toute la force que comporte la condition humaine, je ne pourrais, seul, vous défendre vous tous et vos biens : si je dois vous aider de ma valeur et de celle de mes braves compagnons, il faut que je trouve des alliés en vous et dans vos braves. Je désire que vous compreniez bien que je n’ordonne à nos esclaves aucune des pratiques que je vous prescris, et que je n’exige rien sans essayer de le faire moi-même. En un mot, ce que je vous engage à imiter en moi, apprenez à ceux qui tiendront de vous une part d’autorité à l’imiter en vous. »

Toutes les prescriptions données alors par Cyrus se sont maintenues jusqu’à nos jours. C’est ainsi que toutes les gardes sont dans la dépendance immédiate du roi ; les portes de tous les chefs sont également fréquentées ; toutes les maisons, grandes ou petites, sont administrées de la même manière ; partout, des places d’honneur sont réservées aux plus dignes ; partout, dans les marches, on observe l’ordre que j’ai dit, et partout, malgré la multiplicité des affaires, elles sont promptement expédiées par un petit nombre d’officiers. Cyrus, après avoir instruit chacun de ses satrapes de la conduite à tenir et donné un corps de troupes à chacun, les congédie, en les avertissant de se tenir prêts pour entrer en campagne l’année suivante, et pour la revue des hommes, des armes, des chevaux et des chars.

N’oublions pas qu’on doit aussi, dit-on, à Cyrus un établissement qui dure encore aujourd’hui. Tous les ans, un envoyé du roi, suivi d’une armée[1], parcourt les différentes provinces de l’empire : si les gouverneurs ont besoin de secours, il leur prête main-forte ; s’ils sont violents, il les ramène à la modération ; s’ils négligent de faire payer les tributs et de veiller, soit à la sûreté des habitants de leur province, soit à la culture des terres, en un mot, s’ils manquent à quelqu’un de leurs devoirs,

  1. Ce sont les misssi dominici de Charlemagne.