Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/426

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui elles turent données, quoiqu’ils demeurent eux-mêmes auprès du roi. « Il faut d’ailleurs, reprend Cyrus, que les satrapes qui doivent aller dans ces provinces soient ceux que nous croirons capables de nous envoyer ici ce qui s’y trouve de meilleur et de plus beau, afin que, sans sortir de chez nous, nous ayons part aux avantages de tous les pays ; et de fait, si quelque danger les menace, c’est nous qui devons les défendre. »

Quand il a fini de parler, il distribue les gouvernements à ceux de ses amis qui les désirent aux conditions fixées, choisissant ceux qu’il croit les plus capables : en Arabie, il envoie Mégabyse ; en Cappadoce, Artabatas ; dans la grande Phrygie, Artacamas ; en Lycie et en Ionie, Chrysantas ; en Carie, Adusius, que les habitants avaient demandé ; dans la Phrygie, voisine de l’Hellespont, et dans l’Éolide, Phamuchus. La Cilicie, Cypre et la Paphlagonie, ne reçoivent point de satrapes perses, parce qu’elles avaient suivi de bon gré Cyrus au siège de Babylone ; mais on les assujettit au tribut. Ce que Cyrus établit alors subsiste encore aujourd’hui : les garnisons des places fortes sont restées dans la dépendance du roi, et les chiliarques en sont nommés par le roi, qui les inscrit sur ses états.

Il recommande à tous les satrapes qu’il envoie d’imiter ce qu’ils lui voyaient faire : de former d’abord, tant des Perses qu’ils ont avec eux que de leurs alliés, un corps de cavalerie et de conducteurs de chars ; d’exiger de ceux qui possèdent des maisons et des terres dans l’étendue de leur gouvernement qu’ils se rendent à leurs portes[1], qu’ils observent la tempérance et viennent s’offrir d’eux-mêmes pour exécuter ce que le satrape voudra leur ordonner ; de faire élever les enfants sous leurs yeux, comme il le pratiquait dans son palais ; de mener souvent à la chasse les hommes faits qui viendraient à leurs portes, et de les entretenir, en même temps qu’eux-mêmes, dans les exercices militaires.

« Celui d’entre vous, ajoute-t-il, qui, en raison de ses moyens, aura le plus grand nombre de chars, la meilleure et la plus nombreuse cavalerie, peut s’assurer que je le récompenserai comme un brave et fidèle ami, comme un ferme sou

  1. « Xénophon fait ordonner par Cyrus que les grands du royaume se rendront chaque matin à la porte du palais pour prendre les ordres du prince. Il ajoute que cet usage est encore observé au moment où il écrit, et nous y voyons l’origine du nom de porte, qui désigne en Orient ce que nous appelons en Occident la cour, par souvenir du lieu où le seigneur recevait ses vassaux. » ADOLPHE GARNIER. — Cf. plus haut, liv. VIII, chap. I.