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ils n’aient point à se plaindre. Pour le reste, ils y consentent, donnent leur foi et la reçoivent. Voilà comment aujourd’hui même encore les Égyptiens, après s’être attachés à Cyrus, sont fidèles au roi de Perse, Cyrus leur ayant donné, dans le haut pays, des villes qu’on nomme encore villes des Égyptiens, et de plus Larisse et Cyllène, situées près de Cymé, à peu de distance de la mer, que leurs descendants occupent encore de nos jours. Ce traité conclu, Cyrus part au commencement de la nuit et va camper à Thymbrara. Dans ce combat, les Égyptiens furent les seuls de l’armée ennemie qui méritaient des éloges. Du côté de Cyrus, la cavalerie perse fut jugée la meilleure : aussi la cavalerie d’aujourd’hui conserve-t-elle le même équipement que celui que Cyrus avait établi. Les chars armés de faux réussirent si parfaitement, que les rois de Perse en ont retenu l’usage : les chameaux ne servirent qu’à effrayer les chevaux : ceux qui les montaient ne purent combattre avec la cavalerie ennemie, ni en être attaqués, les chevaux ayant refusé de s’approcher. Ainsi, quoiqu’ils paraissent avoir été utiles dans cette occasion, aucun bon soldat ne veut nourrir un chameau, pour le monter ou le dresser à la guerre : on leur a rendu leur ancien harnais et on les a renvoyés aux skeuophores.


CHAPITRE II[1].


Prise de Sardes. — Entrevue de Cyrus et de Crésus. — Crésus rappelle l’oracle d’Apollon et s’accuse d’imprudence. — Clémence de Cyrus envers Crésus.


Les troupes de Cyrus ayant pris leur repas et posé les sentinelles, comme il était nécessaire, vont prendre du repos. Cependant Crésus fuyait vers Sardes avec son armée, et les différents peuples profitaient de la nuit pour s’éloigner au plus vite et gagner chacun leur pays. À la pointe du jour, Cyrus marche vers Sardes : arrivé sur les remparts de la ville, il fait dresser les machines et préparer des échelles comme pour battre le mur. Tout en dirigeant ces apprêts, il fait passer la nuit suivante, par le côté du rempart des Sardiens qui paraît le plus

  1. Cf., pour les faits racontés ici par Xénophon, Hérodote, liv. I, depuis le chap. LXXVI jusqu’au chap. XCII.