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sommes déjà loin de notre patrie, nous nous chargerons de garder les endroits les plus voisins de l’ennemi. Pour vous, appropriez-vous et cultivez les cantons de l’Assyrie voisins de vos terres. Si nous réussissons à défendre ceux qui sont près de l’ennemi, vous qui en êtes à une si grande distance, vous vivrez en pleine paix ; car je ne pense pas que les ennemis ne se préoccupent point des dangers prochains pour aller au loin vous attaquer. »

Ce discours terminé, tous les chefs se lèvent et se déclarent unanimement prêts à agir ainsi : Cyaxare en fait autant ; Gadatas et Gobryas disent aussitôt que, si les alliés y consentent, ils bâtiront chacun une forteresse qui devra servir à la défense commune. Cyrus, voyant que tous s’empressent de suivre le plan qu’il a tracé, termine ainsi : « Puisque nous paraissons avoir à cœur de faire tout ce que nous jugeons nécessaire, préparons au plus tôt des machines pour battre en brèche les murailles des ennemis, et assurons-nous d’ouvriers pour construire des tours solides. » Cyaxare promet une machine qu’il se charge de faire construire ; Gadatas et Gobryas une autre, une autre Tigrane ; et Cyrus dit qu’il essayera d’en fournir deux. Ces résolutions prises, on cherche des mécaniciens, on rassemble les matériaux nécessaires à la construction des machines, et l’on choisit les hommes qui semblent les plus capables pour surveiller les travaux.

Cyrus, prévoyant que ces préparatifs demanderaient du temps, établit son armée dans l’endroit qu’il estime le plus sain et le plus commode pour le transport de tout ce dont on aurait besoin : partout où il juge un retranchement nécessaire, il le fait construire, afin que les gardes permanentes fussent toujours en sûreté, même si elles avaient besoin d’être séparées du gros de l’armée. De plus, il s’informe aux gens qui connaissent te pays, de quel côté les soldats peuvent faire le plus de butin ; lui-même il les y conduit, tant pour procurer à l’armée des vivres en abondance, que pour rendre ses gens plus sains, plus vigoureux, par la fatigue de ces excursions, et pour les entretenir dans l’habitude de garder leurs rangs pendant la marche. Voilà ce que fait Cyrus.

Cependant des transfuges et des prisonniers, venus de Babylone, annoncent que l’Assyrien est parti pour la Lydie, emportant avec lui beaucoup de valeurs d’or et d’argent, de richesses et de joyaux de tout genre. La foule des soldats prétend qu’il transporte ses trésors en lieu sûr, par suite de sa frayeur. Mais