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LIVRE V.


CHAPITRE PREMIER.


Épisode de Panthéa. — Cyrus s’assure des intentions des Mèdes.


Voilà ce qui se dit et ce qui se fait.. Cyrus ordonne que le butin réservé à Cyaxare soit confié à la garde de ceux qu’il lui sait particulièrement attachés : « Quant à ce que vous me donnez, dit-il, je le reçois de bon cœur, mais il est à la disposition de celui de vous qui voudra surtout en user. » Un des Mèdes, amateur de musique, lui ait : « Cyrus, j’ai entendu le soir les musiciennes qui sont à toi maintenant, et je les ai entendues avec beaucoup de plaisir : si tu m’en donnais une, la vie du camp me semblerait plus agréable que le séjour à la maison. » Cyrus lui répond : « Eh bien, je te la donne et je te sais plus de gré de me l’avoir demandée que tu ne dois m’en savoir de l’obtenir, tant j’ai soif de vous être agréable. » Ainsi la musicienne est emmenée par celui qui l’a demandée.

Cyrus faisant appeler le Mède Araspe, son ami d’enfance, celui-là même auquel il avait donné sa robe médique, quand il retourna de chez Astyage en Perse, lui confie le soin de lui garder la femme et la tente. Cette femme était l’épouse d’Abradatas le Susien. Dans le temps où l’on prenait le camp des Assyriens, le mari ne s’y trouvait pas, mais il était allé en députation auprès du roi des Bactriens, chez lequel l’Assyrien l’avait envoyé pour traiter de l’alliance, vu les liens d’hospitalité qui l’unissaient au roi des Bactriens. Cyrus donc fait garder cette femme par Araspe, jusqu’à ce qu’il la redemande. Sur cet ordre, Araspe lui dit : « As-tu vu, Cyrus, la femme que tu me donnes à garder ? — Non, par Jupiter, répond Cyrus. — Et moi, je l’ai vue, quand nous la choisissions pour toi. En entrant dans sa tente, nous ne la distinguions point d’abord ; elle était assise, et toutes