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sant cela, il leur donnait la plus haute idée des siens. Les envoyés répondant que des hommes agiles peuvent les joindre le lendemain de grand matin, que leur nombre et leurs chariots rendent leur marche lente. « En outre, ajoutent-ils, comme ils n’ont pas dormi la nuit précédente, ils n’ont fait en ce moment qu’une petite marche avant d’asseoir leur camp. » Alors Cyrus : « Avez-vous à me donner quelques gages qui nous prouvent que vous nous dites la vérité ? — Des otages, disent-ils, que nous te donnerons, quand nous partirons demain, au point du jour. Engage-nous seulement ta foi, en présence des dieux, et donne-nous la main afin que nous portions aux autres les assurances que nous avons reçues de toi. » Cyrus leur engage sa foi que, s’ils tiennent leurs promesses, il les regardera comme de fidèles amis, et ne les traitera pas moins bien que les Perses et les Mèdes. Et aujourd’hui même encore on voit les Hyrcaniens jouissant d’une grande confiance et admis à tous les emplois, comme les Mèdes et les Perses les plus considérés.

Les troupes avaient soupé : comme il était encore jour, Cyrus fait sortir son armée et prie les Hyrcaniens d’attendre pour partir ensemble. Tous les Perses, comme cela devait être, sont bientôt hors du camp, ainsi que Tigrane avec ses troupes. Les Mèdes s’offrent à Cyrus, les uns parce qu’enfants ils ont été les amis de Cyrus ; les autres parce qu’en chassant avec lui, ils n’ont eu qu’à se louer de sa douceur ; ceux-ci lui savent gré de les avoir délivrés d’une grande crainte, ceux-là sont pleins d’espérance, en le voyant si bon, qu’il sera plus tard un souverain heureux, grand et puissant. D’autres veulent s’acquitter des services qu’il leur a rendus, quand il était élevé chez les Mèdes, car il avait fait accorder par son grand-père nombre de faveurs à nombre de gens, en raison de sa bonté d’âme. Beaucoup ayant entendu dire que les Hyrcaniens qu’ils voyaient allaient les conduire à de nombreux trésors, s’offrent pour en aller prendre leur part. Ainsi presque tous les Mèdes sortent du camp, excepté ceux qui se trouvent sous la tente de Cyaxare : ceux-là seuls demeurent avec ceux qui sont sous leurs ordres. Les autres partent avec l’allégresse et l’ardeur de gens qui s’en vont sans contrainte, de plein gré et par un sentiment de reconnaissance. Dès qu’ils sont dehors, Cyrus vient trouver les Mèdes les premiers, les félicite et prie les dieux de les assister aux et les siens, puis de le mettre lui-même en état de reconnaître leur zèle. Il ordonne ensuite que