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nous hâtons d’un zèle soutenu. Courez donc aux armes. Vous, Mèdes, avancez par la gauche ; et vous, Arméniens, marchez moitié à droite, moitié à notre avant-garde ; et vous, cavaliers, suivez pour nous pousser et pour hâter la marche : s’il y a des traînards, pressentes. » Cela dit, Cyrus se met à la tête de sa troupe formée en colonnes.

Les Chaldéens, voyant la marche se diriger vers la montagne, se donnent le signal, jettent des cris et se rassemblent. Cyrus, encourageant les siens : « Perses, dit-il, ils nous font signe de nous hâter. Si nous arrivons là-haut avant eux, les ennemis n’y pourront rien. » Les Chaldéens avaient un bouclier d’osier et deux javelots. Ils passent pour les plus belliqueux de cette contrée : ils se mettent à la solde de qui les demande, vu leur humeur guerrière et leur pauvreté, leur pays étant montagneux, stérile, et la partie qui offre des ressources, fort restreinte.

Lorsque les troupes de Cyrus se sont rapprochées de la montagne, Tigrane, qui marchait à côté de Cyrus, lui dit : « Cyrus, sais-tu qu’il nous faudra bientôt combattre ? Les Arméniens ne pourront pas tenir contre les ennemis. » Cyrus lui répond qu’il le sait, et il encourage les Perses à poursuivre l’ennemi, « dès que les Arméniens, en fuyant, dit-il, l’auront attiré près de nous. » Les Arméniens continuent d’avancer. Ceux des Chaldéens qui sont présents à rapproche des Arméniens, poussent le cri de guerre et fondent sur eux, suivant leur coutume. Les Arméniens, suivant leur coutume, ne peuvent tenir bon. Les Chaldéens les poursuivent ; mais, quand ils aperçoivent le reste des troupes qui monte le sabre au poing, quelques-uns de ceux qui s’étaient trop avancés sont tués ou pris, les autres s’enfuient ; et l’on est maître des hauteurs. Dès que les troupes de Cyrus se sont emparées des hauteurs, ils découvrent les habitations des Chaldéens et voient ceux qui étaient le plus près d’eux abandonner leurs habitations. Cyrus, quand tous ses soldats sort réunis, leur ordonne de dîner. Le repas fini, Cyrus ayant observé que le lieu d’observation des Chaldéens était fortifié et fourni d’eau, il veut y faire construire un fort. Il ordonne à Tigrane de mander à son père de venir joindre promptement l’armée avec tout ce qu’il pourra réunir de charpentiers et de maçons. Le messager se rend auprès de l’Arménien, et Cyrus se met à l’œuvre avec ceux qui sont présents.

Sur ces entrefaites, on lui amène plusieurs prisonniers, les uns enchaînés, les autres libres ; il les voit, fait ôter les chaînes