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lent à leur défense. Y a-t-il rien de plus juste que de repousser une attaque, rien de plus beau que de secourir ses amis ?

« Je crois aussi que ce qui vous donne plus de confiance encore, c’est que je n’ai point négligé les dieux à notre départ. Pour avoir vécu longtemps avec moi, vous savez que non-seulement dans les grandes entreprises, mais même dans les petites, mon premier soin est de commencer par les dieux, toujours. Enfin, que vous dirai-je ? Allez, choisissez, prenez les hommes qu’il vous faut, préparez tout le reste, et partez pour la Médie. Pour moi, je retourne auprès de mon père, et puis je pars, après m’être informé avant tout de l’état de nos ennemis, et avoir tout préparé de mon mieux, pour que le succès, avec l’aide de Dieu, soit assuré à notre lutte. » Tout s’exécute ainsi.


CHAPITRE VI[1].


Cyrus retourne auprès de Cambyse : ils s’entretiennent longuement des devoirs d’un bon général.


Cyrus retourne à la maison, adresse des prières à Vesta nationale[2], à Jupiter national et aux autres dieux, et part pour l’armée. Son père lui fait la conduite. Quand ils sont hors de la maison, on dit que des éclairs brillèrent à leurs yeux et qu’on entendit des tonnerres de bon augure. Ces signes s’étant produits, ils marchent sans attendre d’autres présages que ces signes éclatants du grand Dieu. Chemin faisant, le père de Cyrus lui adresse ainsi la parole : « Oui, mon fils, les dieux propices et bienveillants favorisent ton expédition : les victimes l’attestent, et ces signes qui se manifestent dans le ciel. Toi-même tu le reconnais. Car je t’ai toujours instruit de ces pratiques, afin que tu comprennes directement les volontés des dieux sans autres interprètes, c’est-à-dire, que tu voies ce qui peut être vu, que tu entendes ce qui peut être entendu, et que tu ne sois pas à la discrétion des devins, qui, voulant te tromper, te disent autre chose que ce qui est annoncé par les dieux ; ou bien

  1. Cf. Mém. III, 1, t. I, p. 64 et suivantes.
  2. Sur le culte de Vesta, voyez la thèse latine de Fustel de Coulanges, Quid Vestæ cultus in institutis veterum privatis publicisque valuerit. — Cf Cyrop. VIII, ch. v ; Hist. gr. I, vii.