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CHAPITRE V.


Cyrus en Perse. — Il reste encore un an dans la classe des enfants et entre dans celle des jeunes gens, où il se distingue par son exactitude et son zèle à remplir ses devoirs. — Ligue de l’Asie contre Cyaxare, successeur d’Astyage. — Cyrus est envoyé au secours de la Médie. — Son discours aux officiers de l’armée.


Cyrus retourne donc en Perse, et l’on dit qu’il y demeure encore un an dans la classe des enfants. D’abord ses compagnons se moquent de lui à son retour, comme s’il avait appris à vivre mollement chez les Mèdes. Mais quand ils le voient manger et boire avec le même plaisir qu’eux-mêmes, quand ils remarquent que, lorsqu’il y a un régal dans une fête, il donne plutôt de sa portion qu’il n’en redemande ; quand ils voient, en outre, qu’il les surpasse également dans le reste, ceux de son âge s’inclinent devant lui. Après avoir traversé cette discipline, il entre parmi les adolescents. Là, il se place encore au-dessus d’eux, soit dans les exercices qu’il faut faire, soit par la patience qu’il faut déployer, respectant les vieillards, obéissant aux chefs.

Cependant, avec le temps, Astyage meurt chez les Mèdes, et Cyaxare, fils d’Astyage et frère de la mère de Cyrus, prend le gouvernement des Mèdes. Le roi des Assyriens, après avoir soumis tous les Syriens, nation considérable, s’être rendu tributaires le roi des. Arabes et les Hyrcaniens, et s’être mis en guerre avec les Bactriens, se figure que, s’il peut affaiblir les Mèdes, il deviendra facilement maître de tous les peuples qui l’environnent. Il députe donc à toutes les nations qui lui sont soumises, à Crésus, roi des Lydiens, au roi des Cappadociens, aux peuples des deux Phrygies, aux Cariens, aux Paphlagoniens aux Indiens, aux Ciliciens, calomniant les Mèdes et les Perses, disant que ces peuples grands, puissants, resserrés en un seul corps, se sont réunis par des mariages, et qu’ils lui font l’effet, si l’on ne se hâte de les affaiblir, de devoir aller subjugue chaque nation successivement. Les uns font alliance avec lui convaincus par ces discours, les autres gagnés par des présent et de l’argent ; car il en avait beaucoup.

Cependant Cyaxare, fils d’Astyage, à la nouvelle de ces in-