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CHAPITRE III.


Enfance de Cyrus. — Sa mère le conduit chez son grand-père. — Leçons qu’il en reçoit. — Il demeure près d’Astyage.


Cyrus, jusqu’à douze ans au moins, fut élevé d’après ce système d’éducation, et se distingua visiblement de tous ceux de son âge par sa facilité à apprendre ce qu’il fallait, par son adresse et son courage dans tous les exercices. Vers cette époque, Astyage envoya chercher sa fille et son enfant : il désirait le voir, ayant entendu dire qu’il était beau et bon. Mandane arrive auprès de son père, ayant avec elle Cyrus, son fils. Aussitôt qu’elle est arrivée et que Cyrus sait qu’Astyage est le père de sa mère, à l’instant même, entraîné par sa nature d’enfant aimant, il l’embrasse comme on embrasserait quelqu’un avec qui l’on aurait été nourri et qu’on aimerait depuis longtemps. Le voyant ensuite bien paré, les yeux peints, le visage fardé, avec des cheveux postiches, toutes choses accoutumées chez les Mèdes, car les Mèdes connaissaient tout cela, et les tuniques de pourpre, et les manteaux, et les colliers au cou et les bracelets aux, mains, tandis que les Perses, aujourd’hui même encore, quand ils ne sortent pas de leur pays, ont des vêtements plus simples et des habitudes beaucoup moins raffinées ; voyant donc le luxe de son grand-père, et le regardant fixement, il dit : « Mère, il est beau mon grand-père. » Sa mère lui demande qui des deux lui paraît le plus beau, de son père ou de celui-ci. Cyrus lui répond : « Mère, mon père est de beaucoup le plus beau des Perses ; mais de tous les Mèdes que j’ai vus par les chemins ou sur les portes, mon grand-père que voici est le plus beau. » Astyage l’embrasse, lui met une belle robe, le pare et l’embellit de colliers et de bracelets. Quand il va quelque part à cheval, il l’emmène en promenade sur un cheval à bride d’or, ainsi qu’il avait coutume d’aller lui-même. Cyrus, comme un enfant, aimant l’élégance et le luxe, était charmé de sa robe, et prenait grand plaisir à apprendre à monter à cheval. Chez les Perses, en effet, à cause de la difficulté d’élever des chevaux et de monter à cheval, puisque le pays est montagneux, c’est une rareté que de voir un cheval.

Astyage soupait un jour avec sa fille et Cyrus. Or, voulant