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CHAPITRE II.


Naissance de Cyrus. — Ses qualités physiques et morales. — Son éducation d’après les coutumes de la Perse.


Le père de Cyrus était, dit-on, Cambyse, roi de Perse. Ce Cambyse était de la race des Perséides : les Perséides tirent leur nom de Persée. Sa mère, d’après l’opinion commune, est Mandane. Mandane était fille d’Astyage, roi des Mèdes. Cyrus, s’il faut en croire les récits et les chants conservés encore chez les Barbares, était fort beau de figure, très-humain de caractère, très-ami de l’étude et de la gloire, au point d’endurer toute fatigue et d’affronter tout péril, pour mériter d’être loué. Telle est la tradition relative aux qualités de son âme et de son corps. Il fut élevé d’après les lois des Perses. Or, ces lois paraissent s’occuper du bien public, à un moment où l’on ne s’en occupe point dans la plupart des États. La plupart des États laissent chacun élever ses enfants comme il veut, et les plus âgés se conduire comme ils l’entendent, défendant de voler, de rapiner, de s’introduire de force dans une maison, de frapper injustement, de commettre un adultère, de désobéir aux magistrats, et ainsi du reste : si l’on y manque, elles infligent un châtiment.

Mais les lois perses vont au-devant du mal et pourvoient à ce que, dès le principe, les citoyens ne se laissent pas entraîner à rien faire de mauvais ou de honteux. Elles y pourvoient ainsi : il y a chez eux une place appelée Éleuthéra, où sont bâtis le palais du roi et les autres édifices du gouvernement. Les marchandises et les marchands, leurs cris et leurs inconvenances, sont relégués de cet emplacement et portés ailleurs, afin que leur tumulte ne se mêle point à l’ordre décent des gens qu’on y élève.

La place ménagée autour de ces édifices est divisée en quatre parties. L’une est destinée aux enfants, l’autre aux adolescents, la troisième aux hommes faits, et la quatrième à ceux qui ont passé l’âge de porter les armes. La loi exige que chacun d’eux se trouve dans son quartier, les enfants et les hommes faits à la pointe du jour, les vieillards dès qu’ils le peuvent, dans les jours fixés où il faut qu’ils se présentent. Mais les adolescents