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et part au galop, suivi des autres cavaliers, à l’exception de quatre ou cinq. Médosade, affligé de voir les terres dévastées, presse Xénophon d’appeler les deux Lacédémoniens. Xénophon, prenant avec lui les hommes les plus capables, va trouver Charminus et Polynice, leur dit que Médosade les envoie chercher, et leur propose, comme on le faisait pour lui, de se retirer du pays. » Je pense, dit-il, que vous obtiendrez pour l’armée la solde qui lui est due, si vous dites que l’armée vous prie de la faire payer, de gré ou de force, par Seuthès ; que ce point obtenu, elle consent à vous suivre de bon cœur ; que sa demande trous paraît légitime, et que vous vous êtes engagés à ne la faire partir que quand on aura rendu cette justice aux soldats, » Après avoir entendu ces raisons, les Lacédémoniens promettent de les faire valoir et d’y ajouter tout ce qu’ils trouveront de plus fort. Après quoi ils partent, suivis de tous ceux que réclamait la circonstance. Quand ils sont arrivés, Charminus prend la parole : « Si tu as quelque chose à nous dire, Médosade, dis-le ; sinon, c’est nous qui avons à te parler. » Médosade répond d’un ton fort soumis : « Seuthès et moi nous vous prions de ne faire aucun tort à ce pays devenu ami pour nous ; si vous faites quelque mal aux habitants, c’est à nous que vous le ferez, car ils sont nôtres. — Eh bien, disent les Lacédémoniens, nous nous en éloignerons, si la solde est payée à ceux qui vous ont aidés en cette affaire ; autrement, nous venons à leur secours, et nous punirons les hommes qui leur ont fait du tort, contre la foi du serment. Si vous êtes de ces hommes-là, nous commencerons par vous à faire justice. » Xénophon ajoute : « Voulez-vous, Médosade, puisque vous dites que les habitants du pays sont vos amis, leur faire décider la question de savoir si c’est voue au nous qui devons sortir du pays ? » Médosade ne veut pas ; mais il propose avant tout aux deux Lacédémoniens ou d’aller trouver Seuthès au sujet de la paye, convaincu que Seuthès les écoutera, ou du moins d’envoyer avec lui Xénophon, dont il s’engageait à soutenir la proposition. En attendant, il supplie de ne pas brûler les villages. On envoie donc Xénophon, et avec lui ceux que l’on croit les plus propres à l’affaire. Aussitôt arrivé, Xénophon dit à Seuthès :

« Je n’ai rien à te demander, Seuthès, en venant auprès de toi, mais j’ai à te faire comprendre, si je le puis, que tu as eu tort de m’en vouloir, quand je réclamais au nom des soldats ce que tu leur as promis volontairement. Je croyais qu’il n’était pas moins de ton intérêt de le donner que du leur de le recevoir.