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me semble, Lacédémoniens, que, puisque vous voilà nos chefs, il faut nous faire payer par Seuthès de gré ou de force, et ne pas nous emmener auparavant. »

Polycrate d’Athènes se lève et parle pour Xénophon. « Je vois là, soldats, dit-il, Héraclide qui nous écoute. Il a reçu le butin qui était le fruit de nos fatigues, il l’a vendu, et n’en a remis l’argent ni à Seuthès ni à nous, il l’a volé, et il en fait son profit. Si donc nous faisons bien, nous l’arrêterons. Cet homme, ajoute-t-il, n’est point de Thrace ; il est Grec et il fait tort à des Grecs. »

En entendant ces mots, Héraclite est frappé de terreur. Il s’approche de Seuthès et lui dit : « Et nous, si nous faisons bien, nous quitterons au plus vite un endroit où ces gens-là sont les maîtres. » Aussitôt dit, ils sautent à cheval, et s’élancent au galop vers leur camp. De là Seuthès envoie à Xénophon Abrozelmès, son interprète, et le prie de rester à son service avec mille hoplites, s’engageant de lui donner les places maritimes et tout ce qu’il lui a promis. Il ajoute, comme un secret, qu’il a entendu Polynice dire que, si Xénophon tombe entre les mains des Lacédémoniens, Thimbron le fera certainement mettre à mort. D’autres personnes, unies d’hospitalité avec Xénophon, lui font savoir qu’il est calomnié et qu’il doit se tenir sur ses gardes. En entendant ces mots, Xénophon prend deux victimes et sacrifie à Jupiter-roi, pour savoir s’il fera mieux de rester avec Seuthès, aux conditions que Seuthès lui offre, ou de partir avec l’armée. Le dieu lui ordonne de partir.


CHAPITRE VII.


Départ pour des villages fournis de provisions. — Négociation avec Médosade. — Discours de Xénophon à Seuthès. — Celui-ci se décide à payer les Grecs.


De là, Seuthès va camper plus avant dans les terres, les Grecs cantonnent dans les villages, d’où ils devaient, après avoir fait de bonnes provisions, descendre vers la mer. Ces villages avaient été donnés par Seuthès à Médosade. Celui-ci, voyant avec peine les Grecs consommer tout ce qu’il y avait dans les villages, prend environ trente chevaux, et l’homme le