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ment les ennemis de ceux que nous sommes forcés de traiter en ennemis. En second lieu, les Grecs qui ont eu la folie de ne pas rester dans vos rangs, et qui ont cru pouvoir faire avec des barbares ce qu’ils avaient fait avec nous, viennent d’en être punis : ils ne s’aviseront plus de s’écarter de notre armée. Il faut donc vous préparer à montrer à vos alliés que vous valez mieux que des barbares, et aux ennemis qu’ils ont eu affaire à d’autres hommes, et non plus à des soldats mal rangés. »

Ainsi se passa la journée. Le lendemain, on fait un sacrifice : les victimes étant favorables, on dîne ; on se forme en colonnes droites, on range les barbares à l’aile gauche, dans le même ordre, et l’on marche. Les archers étaient dans l’intervalle des colonnes, un peu en arrière du front des hoplites, parce que, parmi les ennemis, il y en avait de lestés à la course qui lançaient des pierres. Les archers et les peltastes les repoussent. Le reste de l’armée s’avance au pas et bien aligné vers le point où la veille avaient été mis en fuite les barbares et ceux qui étaient avec eux : l’ennemi y était en bataille. Les barbares soutiennent le choc des peltastes et les combattent ; mais, à l’approche des hoplites, ils tournent le dos. Les peltastes se mettent aussitôt à leur poursuite et arrivent en montant jusqu’à la métropole. Les hoplites suivent en bon ordre. Arrivés en haut, près des maisons de la métropole, les ennemis se rallient et renouvellent le combat en lançant des javelots ; ou bien, comme ils ont des piques épaisses, longues, qu’un homme aurait peine è porter, ils essayent de se défendre avec les mains.

Les Grecs, loin de lâcher prise, les serrent de près : les barbares s’enfuient et abandonnent tous la place. Leur roi demeure dans une tour de bois, bâtie sur le haut de la montagne : ils l’y entretiennent à frais communs et lui servent de gardes. Il refuse de sortir, ainsi que ceux du premier poste : ils y sont tous brûlés avec les tours de bois. Les Grecs pillent la place. Ils trouvent dans la maison des amas de pains des années précédentes qui se transmettent de père en fils, au dire des Mossynèques. Il y avait aussi du grain nouveau en gerbe : c’était pour la plupart de l’épeautre. On trouve dans des amphores des tranches de dauphin salé. D’autres vases étaient pleins de graisse de dauphin, employée par les Mossynèques aux mêmes usages que l’huile d’olive par les Grecs. Dans des greniers étaient de grosses châtaignes, sans fissure. C’est leur manger