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qu’ils avaient à faire. Chirisophe et Xénophon, après les compliments d’amitié, demandent ensemble au comarque, par un interprète qui savait le perse, dans quel pays on est. Celui-ci répond en Arménie. Il lui demandent encore pour qui l’on élève des chevaux ; il dit que c’est une redevance royale. Il ajoute que la province voisine est habitée par les Chalybes, et il indique la route qui y conduit. Xénophon repart alors, ramène le comarque et sa famille, et lui donne un cheval qu’il avait pris, en lui recommandant de le nourrir pour l’immoler : il avait entendu dire que l’animal était consacré au soleil, et il craignait qu’il ne mourût, épuisé par la route. Il prend ensuite un poulain pour lui-même et en donne un à chacun des stratèges et des lochages. Les chevaux de ce pays sont moins grands que ceux de Perse, mais ils ont plus de cœur. Le comarque apprend aux Grecs à attacher des sacs aux pieds de leurs chevaux et de leurs bêtes de somme, quand ils les conduiront à travers la neige : sans cette précaution, les bêtes y enfoncent jusqu’au ventre.


CHAPITRE VI.


Le guide s’enfuit par la faute de Chirisophe. — Arrivée au Phase. — On traverse le pays des Taoques et des Chalybes.


On était au huitième jour : Xénophon remet le guide à Chirisophe, et laisse au comarque tous les gens de sa famille, sauf son fils, à peine adolescent. Cet enfant est confié à la garde d’Épisthène d’Amphipolis, et, si le père se conduit bien, on le lui rendra avec la liberté. On porte ensuite à sa maison de tout ce que l’on peut, on plie bagage et l’on se met en marche. Le comarque sert de guide à travers la neige, sans être lié. Déjà l’on était à la troisième étape, lorsque Chirisophe s’emporte contre lui de ce qu’il ne les mène point à des villages. Celui-ci répond qu’il n’y en a pas dans la contrée. Chirisophe le frappe, sans le faire lier. Aussi, la nuit suivante, il s’échappe, en abandonnant son fils. Le seul différend qui eut lieu entre Chirisophe et Xénophon, durant toute la marche, provient des mauvais traitements infligés au guide et du peu de soin qui suivit. Épisthéne s’éprit de l’enfant, l’emmena dans sa patrie et l’éprouva toujours fidèle.

On fait ensuite sept marches de cinq parasanges par jour, et