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Les Arcadiens, au contraire, font une nouvelle expédition contre Élis. Pendant qu’ils établissent leur camp entre cette ville et Cyllène, les Éléens les attaquent ; mais les Arcadiens font bonne contenance et les battent. Andromachus, hipparque éléen, qu’on accusait d’avoir fait engager le combat, se donne la mort ; le reste des vaincus se retire dans la ville. Dans le même combat périt le Spartiate Soclide : il y avait pris part, vu l’alliance déjà faite entre les Lacédémoniens et les Éléens. Ceux-ci, se voyant pressés par leurs ennemis sur leur propre territoire, avaient député aux Lacédémoniens pour réclamer leur aide et leur demander de faire une expédition contre les Arcadiens ; ils pensaient que le meilleur moyen de se débarrasser d’eux, c’était de leur faire la guerre des deux côtés. Archidamus part donc avec une armée de citoyens, et s’empare de Cromnus[1]. Il y laisse en garnison trois de ses douze mores, et reprend ensuite le chemin de son pays. Cependant les Arcadiens, se trouvant tous réunis à leur retour de leur campagne d’Élide, arrivent vers Cromnus, qu’ils entourent d’un double rang de palissades. Ainsi en sûreté, ils assiègent la garnison de Cromnus. Mais la ville de Lacédémone, indignée de voir ses citoyens assiégés, envoie une armée, dont Archidamus avait encore le commandement. À son arrivée, il fait autant de ravages qu’il peut en Arcadie et en Sciritide, et met tout en œuvre pour faire lever le siège, s’il est possible. Mais les Arcadiens ne bougent pas davantage, et ne se soucient en rien de tout cela.

Archidamus avait remarqué une colline, par laquelle passait le retranchement extérieur dont les Arcadiens s’étaient entourés. Il croit qu’il pourra s’en emparer et que, quand une fois il en sera maître, les assiégeants ne pourront plus garder leur position. Comme il faisait faire un circuit à ses troupes pour arriver à cet endroit, les peltastes et son avant-garde, voyant les Éparites[2] en dehors du retranchement, fondent sur eux en même temps que les cavaliers cherchent à charger. Les Éparites ne plient point, mais ils se tiennent immobiles, les rangs serrés. Les ennemis reviennent à la charge ; les autres, loin de plier devant cette seconde attaque, se portent même en avant. Le tumulte était déjà grand, lorsque Archidamus lui-même arrive : il avait fait le tour par la route de chars qui

  1. Ville de l’Arcadie.
  2. Sur cette milice arcadienne, voy. une dissertation de F. Béjot, dans les Mémoires de l’Acad. des Inscript. et Belles-Lettres, t. LVII.