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enfin la cavalerie pousse en avant au galop, et l’infanterie au pas de course cherche à garder, autant que possible, ses rangs serrés ; Charès suit avec vitesse. C’était peu de temps avant le coucher du soleil : ils trouvent les ennemis du fort occupés, les uns à se baigner, d’autres à cuire leur repas ; ceux-ci à pétrir leur pain, ceux-là à préparer leurs lits. Ces gens, voyant l’impétuosité de l’attaque, sont aussitôt saisis de frayeur ; ils fuient, abandonnant toutes leurs provisions à cette troupe vaillante. Après avoir soupé avec ces vivres et d’autres venus de Phlionte, ils font des libations pour leurs succès, chantent le péan, établissent des gardes et vont se coucher. Les Corinthiens, à l’arrivée du messager qui, dans la nuit, leur apporte les nouvelles de Thyamia, montrent un empressement amical à réunir, par la voix du héraut, les attelages et les bêtes de somme, qu’ils chargent de blé et font parvenir à Phlionte : ces convois se renouvellent chaque jour, tant que dure la construction du fort.


CHAPITRE III.


Événements de Sicyone. — Euphron est assassiné à Thèbes. — Ses meurtriers sont mis en liberté.


(Avant J. C. 366.)


Voilà ce que j’avais à dire sur les Phliasiens, leur fidélité à leurs amis, leur vaillance à la guerre, leur constance envers leurs alliés, même dans le dénûment le plus complet.

Environ le même temps, Énée de Stymphale, devenu stratége des Arcadiens, croit qu’on ne peut plus supporter ce qui se passe à Sicyone. Il monte avec son armée à l’acropole, convoque les notables de la ville, et envoie chercher ceux qui ont été bannis sans décret. Euphron, effrayé de ces mesures, s’enfuit au port de Sicyone, fait venir Pasimélus de Corinthe, et, par son entremise, livre le port aux Lacédémoniens. Il rentre de nouveau dans cette alliance, déclarant qu’il restera fidèle aux Lacédémoniens. Il prétend que, quand on a mis aux voix, dans la ville si l’on déciderait la défection, il avait voté contre avec un petit nombre de gens, et qu’ensuite il avait établi la démocratie pour se venger de ceux qui l’avaient trahi. « Et c’est moi, dit-il, qui suis la cause du bannissement actuel de