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bataille par les Lacédémoniens, quand les Thébains n’étaient pas avec eux. Tout ce qu’il dit est confirmé par le témoignage de l’Athénien Timagoras, qui, après Pélopidas, jouit de la plus grande considération.

Là-dessus le roi, ayant demandé à Pélopidas quel genre d’édit il désirait, Pélopidas demande que les Lacédémoniens reconnaissent l’indépendance de Mantinée, que les Athéniens tirent leurs vaisseaux sur terre, que, s’ils ne se conforment pas à ces clauses, on leur fasse la guerre, et que, si une ville refuse de prendre part à l’expédition, on marche d’abord contre elle.

Ces conditions rédigées et lues aux députés, Léon dit de manière que le roi puisse l’entendre : « Par Jupiter ! Athéniens, il est temps pour vous, ce me semble, de chercher un autre ami que le roi. » Le secrétaire ayant répété au roi les paroles de l’Athénien, il rapporte cette addition au décret, que, si les Athéniens savent quelque chose de plus juste, ils doivent venir en informer le roi.

Lorsque les députés sont revenus chacun dans leur patrie, les Athéniens mettent à mort Timagoras, accusé par Léon de n’avoir pas voulu habiter avec lui et d’avoir constamment agi de concert avec Pélopidas. Quant aux autres députés, Archidamus d’Élis loue la cour du roi, parce que celui-ci a témoigné plus de considération à Élis qu’aux Arcadiens ; mais Antiochus, choqué de ce que la confédération arcadienne a été traitée d’une manière inférieure, refuse les présents, et annonce aux Dix mille[1] que le roi a une foule de panetiers, de cuisiniers, d’échansons et de portiers, mais que, malgré toutes ses recherches, il n’a pu voir des hommes capables de combattre contre les Grecs. Il ajoute que, du reste, la grandeur de ses richesses ne leur parait qu’une fanfaronnade, vu que le platane d’or si vanté ne pourrait donner de l’ombre à une cigale[2].

Quand les Thébains ont convoqué tous les États, pour entendre la lecture de la lettre du roi, et que le Perse, porteur du décret, après avoir montré le sceau du roi, en a lu la teneur, les Thébains invitent alors ceux qui veulent être les amis du roi et les leurs à jurer d’observer ces conditions, mais

  1. Plus de la moitié de l’armée des Dix mille se composait d’Arcadiens et d’Achéens.
  2. Sur ce platane voy. Lucien, Sur un appartement, t. ii, p. 310, de notre traduction.