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compagnés de tonnerre, ce qu’on regarde comme un heureux présage : il se trouve aussi que près de son aile droite étaient un bois sacré et une statue d’Hercule, dont il est, dit-on, un descendant. Toutes ces circonstances inspirent une telle ardeur et une telle confiance, que c’est toute une affaire pour les chefs d’empêcher les soldats de s’élancer en avant. Aussi, quand Archidamas s’est mis à leur tête, le peu d’ennemis qui tient ferme jusqu’à la portée de la lance est tué ; le reste prend la fuite et tombe en partie sous les coups des cavaliers et des Celtes. Le combat fini, Archidamas, après avoir élevé un trophée, envoie aussitôt à Sparte le héraut Démotèle annoncer la grandeur de la victoire, les Lacédémoniens n’ayant pas perdu un seul homme, tandis qu’il était mort une foule d’ennemis. On dit qu’à cette nouvelle les sénateurs de Sparte, à commencer par Agésilas, versent tous des larmes : telle est, en effet, la propriété des larmes, d’être communes à la joie ou à la douleur. Ce revers des Arcadiens, cependant, ne réjouit guère moins les Thébains et les Éléens que les Lacédémoniens, vu la haine qu’inspirait déjà leur orgueil.

Les Thébains, qui songeaient constamment à la manière dont ils s’empareraient de l’hégémonie de la Grèce, pensent que, s’ils envoient des ambassadeurs au roi des Perses, ils trouveront auprès de lui quelque avantage. Pour cela, après avoir préalablement engagé les alliés à se joindre à eux, sous prétexte que le Lacédémonien Euthyclès est auprès du roi, ils députent Pélopidas de la part des Thébains, Antiochus le pancratiaste de la part des Arcadiens, et Archidamas de la part des Éléens : ce dernier est accompagné d’Argius. De leur côté, les Athéniens, à cette nouvelle, envoient Timagoras et Léon. Lorsque les députés sont arrivés en Perse, Pélopidas a le plus d’influence auprès du roi. En effet, il avait à dire que, seuls d’entre les Grecs, les Thébains s’étaient battus pour le roi à Platées, et que jamais, plus tard, ils n’avaient porté les armes contre lui, que les Lacédémoniens leur faisaient la guerre uniquement parce qu’ils n’avaient pas voulu marcher contre lui avec Agésilas, ni le laisser sacrifier à Diane, à Aulis, où Agamemnon avait sacrifié avant de s’embarquer pour l’Asie et de s’emparer de Troie. Ce qui contribue encore à mettre Pélopidas en grand crédit, c’est la victoire remportée par les Thébains au combat de Leuctres, et les ravages qu’ils ont exercés, au vu de tous, dans le pays des Lacédémoniens. Pélopidas raconte aussi que les Argiens et les Arcadiens ont été défaits dans une