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noncé aux Athéniens l’approche d’une armée formidable. Les Athéniens s’étaient donc armés en toute hâte, et cavaliers et hoplites veillaient à la garde de la ville. Il y avait alors à Athènes des députés lacédémoniens, Étymoclès, Aristolochus et Ocellus, qui demeuraient chez le proxène Callias. Aussitôt que les Athéniens reçoivent cette nouvelle, ils s’emparent des députés et les gardent à vue, croyant qu’ils ont eu part au complot ; mais ces députés eux-mêmes sont effrayés de l’événement, et se justifient en disant que, s’ils avaient su qu’on dût prendre le Pirée, ils n’auraient jamais été assez fous pour se livrer ainsi aux mains des Athéniens, et cela chez le proxène, où l’on pouvait les trouver au premier instant. Ils disent encore que les Athéniens verraient bien clairement que la ville de Lacédémone ne savait rien non plus de tout cela : pour Sphodrias, ils se prétendent tout à fait sûrs de recevoir la nouvelle de sa condamnation. On juge donc qu’ils n’ont aucune connaissance de l’affaire, et on les met en liberté. De leur côté, les éphores rappellent Sphodrias et lui intentent une accusation capitale. La crainte l’empêche de se rendre à la citation ; mais, malgré cette désobéissance, il est absous. Beaucoup de gens à Lacédémone trouvèrent ce jugement d’une injustice criante. Voilà quelle en fut la cause.

Sphodrias avait un jeune fils, à peine sorti de l’enfance, nommé Cléonyme. C’était le plus beau et le plus distingué des jeunes gens de son âge : il se trouvait qu’il était aimé d’Archidamas, fils d’Agésilas. Les amis de Cléombrote qui, en leur qualité d’intimes de Sphodrias, désiraient vivement le sauver, redoutaient le parti d’Agésilas et les hommes impartiaux ; car Sphodrias paraissait avoir commis une faute grave. Sphodrias dit alors à Cléonyme : « Il dépend de toi, mon fils, de sauver ton père, en priant Archidamas de me rendre Agésilas favorable pour mon jugement, » Cléonyme, ces paroles entendues, se hasarde avenir auprès d’Archidamas, pour lui demander d’être le sauveur de son père. Archidamas, cependant, voyant Cléonyme en pleurs, restait auprès de lui, pleurant avec lui ; mais quand il eut entendu sa prière, il répondit : « Il faut que tu saches, Cléonyme, que je ne puis pas même regarder mon père en face ; aussi, quand je désire obtenir de lui quelque chose dans l’État, j’ai recours à toute autre personne plutôt qu’à mon père. Toutefois, puisque tu m’en pries, sois assuré que j’emploierai tout mon zèle à faire cela pour toi. » Cela dit, il retourne chez lui après le repas public, et se