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les autres ; alors les fuyards reviennent avec ardeur au combat, et repoussent de la montagne les Thébains, qui perdent plus de deux cents hommes.

Cette journée abat le courage des Thébains, qui pensaient n’avoir pas moins souffert de mal qu’ils n’en avaient fait. Mais le lendemain, s’apercevant que, durant la nuit, les Phocéens et tous les autres sont retournés chez eux, ils sont plus fiers de ce qui s’est passé. Toutefois, à l’arrivée de Pausanias, suivi de l’armée lacédémonienne, ils se croient de nouveau dans un grand danger ; le silence, dit-on, et la consternation, régnaient dans leur armée. Mais le lendemain, lorsque les Athéniens arrivent se joindre à eux, et que Pausanias ne bouge ni n’engage le combat, dès lors la confiance des Thébains devient extrême. Pausanias convoque les polémarques et les pentécostères[1], et délibère s’il doit engager la bataille ou faire une trêve pour relever Lysandre et ceux qui sont tombés avec lui. Alors Pausanias et les autres magistrats lacédémoniens, considérant que Lysandre est mort, que son armée a été vaincue et dispersée, que les Corinthiens ont refusé de prendre aucune part à cette campagne, et que les troupes présentes ne sont pas bien disposées à combattre ; considérant en outre que la cavalerie ennemie est très-nombreuse et la leur très-faible, et, chose essentielle, que les morts gisent au pied de la muraille, de sorte que, même vainqueur, on aurait peine à les relever, à cause des soldats postés sur les tours ; en raison de tout cela, ils décident de demander une trêve pour relever les morts. Les Thébains, cependant, déclarent qu’ils n’accorderont la trêve qu’à condition que les Lacédémoniens évacueront le pays. Ceux-ci y adhèrent avec joie, enlèvent leurs morts et sortent de la Béotie.

Ces faits accomplis, les Lacédémoniens se retirent découragés, et les Thébains pleins d’arrogance ; à ce point que, si quelque ennemi s’avise de mettre tant soit peu le pied dans les campagnes, les Thébains le frappent et le ramènent sur les routes. Telle est l’issue de cette expédition des Lacédémoniens.

Cependant Pausanias, à son arrivée à Sparte, est mis en jugement pour crime capital. Il était accusé d’être arrivé à Haliarte plus tard que Lysandre, tandis qu’il était convenu qu’ils arriveraient le même jour, d’avoir relevé les morts à la faveur

  1. Commandants de 50 hommes.