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viennent à l’assemblée comme parents des morts ; et ils persuadent à Callixène d’accuser les stratéges dans le conseil. On convoque ensuite une assemblée, où le conseil, par la bouche de Callixène, rend son arrêt : « Attendu que les accusations contre les stratéges et la défense de ces derniers ont été entendues dans l’assemblée précédente, les Athéniens sont appelés à voter tous par tribus. Pour chaque tribu seront disposées deux urnes : un héraut publiera dans chaque tribu que ceux qui regardent les stratéges comme coupables de n’avoir pas relevé les corps des vainqueurs dans le combat naval doivent déposer leur vote dans la première urne, et ceux d’un avis contraire, dans la seconde. S’ils sont déclarés coupables, ils seront punis de mort et livrés aux Onze, leurs biens confisqués, et le dixième consacré à la déesse. »

Alors un homme paraît devant l’assemblée et dit qu’il s’est sauvé sur un tonneau de farine d’orge ; qu’il a été chargé par ceux qui ont péri d’annoncer au peuple, s’il échappait, que les stratéges n’ont point recueilli ceux qui ont combattu vaillamment pour la patrie.

Cependant Euryptolème, fils de Pisianax, et quelques autres, accusent Callixène d’avoir présenté un décret contraire aux lois. Un certain nombre de voix parmi le peuple leur applaudissent, mais la masse s’écrie qu’il est fort étrange de ne pas laisser le peuple faire ce qu’il lui plaît. Là-dessus, Lyciscus prend la parole et dit qu’il faut envelopper ces gens dans le même décret que les stratéges, s’ils ne laissent pas l’assemblée tranquille : le tumulte recommence dans la foule : on est forcé de retirer l’accusation. Mais quelques-uns des prytanes disant qu’ils ne feront point voter contrairement aux lois, Callixène monte de nouveau à la tribune et répète l’accusation contre les stratéges. D’autres s’écrient qu’il faut décréter d’accusation ceux qui sont d’un avis opposé. Les prytanes effrayés consentent tous à faire voter, à l’exception de Socrate, fils de Sophronisque. Celui-ci déclare qu’il ne fera rien que de conforme aux lois. Alors Euryptolème monte à la tribune et prononce le discours suivant en faveur des stratéges :

« Athéniens, c’est pour accuser sur quelques points et pour défendre sur d’autres Périclès, mon parent, et Diomédon, mon ami intime, que je monte à cette tribune, et pour vous donner les conseils que je crois les plus utiles à toute la cité. J’accuse ces stratéges, parce qu’il se sont opposés à leurs collègues qui voulaient annoncer par une dépêche au conseil