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Diomédon, Lysias, Aristocrate, Thrasyllus et Érasinide, sont arrivés, Archédémus, chef du peuple et distributeur du diobole[1], propose une amende contre Érasinide, qu’il accuse dans le tribunal de s’être emparé dans l’Hellespont de sommes appartenant au peuple. Il l’accuse également pour sa gestion de stratége : le tribunal décrète l’arrestation d’Érasinide.

Ensuite les stratéges donnent des explications dans le conseil sur la bataille navale et sur la violence de la tempête. Timocrate ayant dit qu’il fallait les jeter en prison et les traduire devant le peuple, le conseil les fait arrêter. Bientôt après a lieu une assemblée, où Théramène, entre autres, accuse vivement les stratéges, déclare de toute justice qu’ils expliquent pourquoi ils n’ont pas relevé les naufragés, et, pour prouver que les stratéges n’allèguent aucune autre excuse, il lit une lettre, adressée par eux au conseil et au peuple, où ils rejettent la faute sur la tempête seulement. Chaque stratége se défend alors en quelques mots, le temps légal ne leur ayant pas été accordé. Ils racontent ce qui s’est passé : tandis qu’eux-mêmes cinglaient contre l’ennemi, ils ont confié le soin de relever les naufragés à des triérarques capables, qui avaient déjà rempli les fonctions de stratéges, à Théramène, à Thrasybule, et à d’autres du même rang. S’il faut accuser quelqu’un à propos de ces enlèvements des corps, on ne peut s’en prendre qu’à ceux qui en ont été chargés. « Et cependant, ajoutent-ils, l’accusation ne nous amènera point à mentir et à prétendre que ceux-là mêmes sont coupables : c’est la violence seule de l’orage qui a empêché d’enlever les corps. » À l’appui de cette déclaration, ils produisent comme témoins les pilotes et un grand nombre d’autres personnes de l’expédition. Ces paroles persuadent le peuple : plusieurs particuliers se lèvent et s’offrent pour caution. On décrète de remettre l’affaire à la prochaine assemblée, vu l’heure avancée qui ne permettait plus de voir les mains. En attendant, le conseil devant délibérer sur la question, on proposera au peuple la marche à suivre dans le jugement des prévenus.

Sur ces entrefaites, survient la fête des Apaturies[2], durant laquelle les frères et les parents se rassemblent les uns chez les autres. Théramène et ses adhérents préparent donc un grand nombre de gens vêtus de noir, rasés jusqu’à la peau, afin qu’ils

  1. C’est-à-dire chargé de donner à chaque citoyen pauvre deux oboles prélevées sur le trésor public, pour acquitter son droit d’entrée au théâtre.
  2. Fêtes de Minerve. Elles duraient trois jours et étaient inaugurées par un grand banquet des phratries athéniennes.