Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils reviennent aux filets et se retrouvent. Or, cela ne leur arrivera plus quand, animés contre la bête, ils en auront plus souci que de leur manger. Le chasseur donnera lui-même la nourriture aux chiens : si elle leur manque, ils n’en savent point la cause ; mais s’ils la reçoivent quand ils la désirent, ils aiment qui la leur donne.


CHAPITRE VIII.


De la chasse au lièvre en hiver.


Il faut chasser les lièvres, quand il a neigé de manière à couvrir la terre : s’il y reste quelques points noirs, le lièvre est plus difficile à trouver. Lorsqu’il neige avec vent de bise, les traces durent plus longtemps, parce que la neige ne fond pas vite ; si le vent est au midi et que le soleil brille, elles durent peu, parce que la neige fond aussitôt. Par une neige continue, il n’y a rien à faire ; elle recouvre tout : rien non plus par un grand vent ; en agglomérant les flocons, il ne laisse rien voir. Il ne faut donc pas, quand on a des chiens, il ne faut pas les sortir pour cette sorte de chasse : la neige leur brûle le nez et les pieds, et l’excès du froid dissipe les fumées du lièvre. On pend alors des filets, on sort avec quelqu’un, on longe les montagnes à distance des cultures, et quand on a trouvé des traces, on les suit.

Si elles se croisent, on revient d’un point à un autre, en prenant de grands cernes, et l’on cherche où elles aboutissent. Le lièvre, en effet, tourne beaucoup sans savoir où s’arrêter : il est d’ailleurs habitué à ruser sur les voies, sachant que c’est par là qu’on le suit. La trace une fois trouvée, on pousse en avant ; elle conduit à un fourré ou à un endroit escarpé, attendu que les vents emportent la neige par-dessus ces endroits : cela ménage un grand nombre de gîtes, et c’est ce que cherche le lièvre.

Quand les traces mènent à ces musses, il ne faut pas aller trop près, de peur de faire débucher le lièvre ; on doit le tourner par un cerne, car il y a espoir qu’il est là : on le verra bien, si les traces ne se prolongent pas plus avant. Quand on en est sûr, on le laisse, vu qu’il ne bougera pas : il faut alors en chercher un autre, avant que ses traces soient effacées, et