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tinuant de les suivre, le maître s’enroule le bras de son vêtement, prenne son bâton et poursuive le lièvre, mais par derrière, sans s’offrir à lui, ce qui serait hasardeux.

Le lièvre se dérobe ; on le perd de vue : il prend d’ordinaire un grand cerne autour du débuché ; le chasseur crie : « À lui ! garçon ! à lui ! garçon ! garçon ! holà ! garçon ! holà ! » Et celui-ci doit faire signe si le lièvre est pris ou non. S’il est pris dès la première coursé, on appelle les chiens pour en courre un autre ; autrement, on repart de plus belle, sans aucun répit, et l’on quête avec une nouvelle ardeur. Quand les chiens ont retrouvé le lièvre, et qu’ils poursuivent, on crie : « Bien ! très-bien ! les chiens ! Poussez ! les chiens ! » Si les chiens ont trop gagné au pied, et que le chasseur, à leur suite, ne puisse les joindre, ou qu’il les ait perdus dans la course, sans qu’il lui soit possible de les voir errant dans le voisinage, aboyant ou suivant la trace, il demande en criant au premier venu près duquel il passe à la course : « Ohé ! as-tu vu les chiens ? » La réponse faite, s’ils sont sur la voie, il les joint, les encourage, les appelle par leur nom, et prend tour à tour des intonations diverses : aiguë, grave, faible, forte. Entre autres encouragements, s’ils courent sur une montée, il les anime ainsi : « Bien ! les chiens ! Bien les chiens ! » Si, au lieu d’être sur la piste, ils la dépassent, il leur crie : « Arrière ! arrière[1] ! les chiens ! » Quand il les voit près de la trace, il leur fait prendre de grands cernes et à maintes reprises. Si la trace n’est pas sensible, il y met un piquet pour remarque, puis il restreint les cernes en animant et en caressant ses chiens, jusqu’à ce qu’ils sentent clairement la piste. Alors les chiens, voyant la trace nette, s’élancent, sautent, s’unissent, jappent, font des signes, se fixent des points de repère, et gagnent de vitesse. Tandis qu’ils bondissent ainsi sur la voie, le chasseur court, sans les passer, de peur que, par rivalité, ils ne dépassent le lièvre. Quand ils l’ont cerné et qu’ils l’indiquent clairement au chasseur, celui-ci prend garde que l’animal, effrayé par les chiens, ne se dérobe par un crochet. Les chiens, agitant la queue, se ruant les uns sur les autres, sautant, clabaudant, levant la tête, regardant du côté du chasseur, lui font entendre que c’est vrai cette fois, forcent le

  1. Je lis Οὐ πάλιν ; avec L. Dindorf.