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de traces. Le pied du lièvre au gîte sent plus que celui du lièvre de passage ; au gîte, le lièvre foule ; au passage, il glisse : la terre est donc battue par les premiers, effleurée seulement par les seconds. L’odeur est plus sensible dans les endroits boisés que dans les cantons découverts : le lièvre, en les traversant à la course, s’y assied et touche à mille choses ; il se couche auprès des cultures ou de tout ce que la terre produit d’elle-même, dessous, dessus, dedans, à côté, très-loin plus près, entre les objets ; parfois même il s’élance du plus grand élan dans la mer ou dans l’eau, pour saisir quelque chose qui surnage, ou une plante aquatique.

Le lièvre qui gîte choisit d’ordinaire, durant le froid, des lieux abrités, et des bocages pendant les chaleurs ; au printemps et en automne, les cantons exposés au soleil ; il n’en est pas de même du lièvre de passage, que la crainte du chien rend perplexe.

Quand il se couche, le lièvre place ses cuisses de derrière sous ses flancs, joint presque toujours les jambes de devant en les étendant, pose sa mâchoire sur les extrémités des pieds, laisse tomber sous ses omoplates ses oreilles, qui servent en même temps à garantir les parties molles du cou : son poil lui sert de couverture, vu qu’il est épais et moelleux.

Lorsqu’il veille, il cligne les paupières ; durant le sommeil, il les tient ouvertes et immobiles : ses yeux demeurent fixes en dormant il agite souvent ses narines, mais moins quand il veille. Au temps où la terre travaille, il se tient dans les guérets plutôt que dans les montagnes. Il s’arrête partout dès qu’on le poursuit ; seulement la nuit il devient excessivement peureux ; alors il ne reste plus en place. C’est un animal si fécond qu’à peine la femelle a-t-elle mis bas, elle conçoit et produit. Les petits levrauts ont plus de vent que les grands. Comme leurs membres sont encore mous, ils rasent totalement la terre. Les amateurs de chasse laissent aller ces petits en l’honneur de la déesse. Les levrauts d’un an courent très-vite leur première course, mais non les autres ; ils sont légers mais ils n’ont pas de corps. Pour prendre la piste du lièvre, on conduira les chiens au plus haut point des terres labourées : les lièvres qui ne viennent pas dans les cultures se tiennent dans les prairies les bocages, près des cours d’eau, dans les endroits pierreux, boisés. Quand le lièvre part, il ne faut pas crier, de peur que les chiens troublés ne reconnaissent difficilement la trace. Décou-