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gueur. Les toiles demandent tantôt plus, tantôt moins de fourchettes : moins, si, quand on les lève, elles se tiennent fortement tendues ; plus, si elles sont lâches. En outre il faut avoir, pour placer les rets et les toiles, un sac de cuir de veau, ainsi qu’une serpe pour couper du hois, afin de boucher au besoin les passées.


CHAPITRE III.


Des deux espèces de chiens ; leurs qualités et leurs défauts.


Il y a deux espèces de chiens, les castorides et les alopécides. Les castorides prennent leur nom de Castor, qui, fort épris de la chasse, s’attacha particulièrement à cette espèce ; les alopécides s’appellent ainsi parce qu’ils proviennent de l’accouplement des chiens et des renards : avec le temps, les deux natures se sont fondues en une seule.

De ces deux espèces, les plus nombreux et les moins estimés sont les chiens petits, refrognés, à l’œil gris, myopes, laids, au poil rude, faibles, glabres, hauts sur jambes, mal proportionnés, sans cœur, sans nez et sans jarrets. Petits, ils perdent presque toujours leur temps à la chasse, faute de taille ; refrognés, ils n’ont pas de gueule, et, par suite, ils ne peuvent saisir le lièvre ; myopes ou à l’œil gris, ils ont mauvaise vue ; laids, ils sont désagréables à voir ; à poil rude, ils réussissent mal à la chasse ; faibles et glabres, ils ne peuvent soutenir la fatigue ; hauts sur jambes et mal proportionnés, l’inégalité de leur corps les rend lourds à la quête ; sans cœur, ils renoncent, quittent le soleil pour l’ombre et s’y couchent ; sans nez, ils éventent peu ou rarement le lièvre ; sans jarrets, malgré leur cœur, ils ne peuvent tenir à la peine, et renoncent à cause de la sensibilité de leurs pattes.

Il y a une grande variété de quête chez les mêmes chiens. Les uns, quand ils sont sur la trace, courent sans donner le temps de viser, de sorte qu’on ne sait s’ils tiennent la piste ; les autres n’agitent que les oreilles et gardent la queue immobile ; d’autres ne remuent point les oreilles et remuent la queue à l’extrémité. Il en est qui serrent les oreilles, suivent la trace d’un air sombre et courent la queue entre les jambes. Beaucoup ne font rien de tout cela, mais ils tournent comme des fous,