Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre l’ennemi en aveugle, sans l’aide des dieux et contrairement aux signes sacrés, tout cela rendra les soldats plus dociles à leur commandant.


CHAPITRE VII.


De ce que doit être le commandant des Athéniens dans les circonstances actuelles.


Tout chef doit donc être prudent ; mais il convient surtout que le commandant de la cavalerie athénienne se distingue par son respect des dieux et par ses talents militaires, puisqu’il a des voisins[1] qui peuvent lui opposer de nombreuses troupes de cavaliers et d’hoplites. S’il veut tenter une invasion sur le territoire ennemi sans les autres forces de la république, il pourra combattre ces deux corps avec ses seuls cavaliers : si, au contraire, les ennemis font une invasion sur le territoire des Athéniens, comme ils ne pourront pas arriver autrement qu’avec des cavaliers ajoutés aux leurs, et des hoplites assez nombreux pour leur faire espérer que les Athéniens tous ensemble seront hors d’état de leur tenir tête, si donc, en pareil cas, la ville tout entière fait une sortie pour repousser un si grand nombre d’ennemis et pour défendre son territoire, quelles brillantes espérances[2] ! Et, en effet, les cavaliers, avec l’aide du ciel et les soins nécessaires, deviendront meilleurs ; et l’on n’aura pas moins d’hoplites, dont les corps seront plus vigoureux et les âmes encore plus éprises de la gloire, si, avec l’aide du ciel, ils sont convenablement exercés. D’ailleurs, pour ce qui est des ancêtres, les Athéniens n’ont pas moins droit d’être fiers que les Béotiens.

Maintenant, si la république tourne ses vues du côté de la marine[3], et qu’elle se borne à défendre ses murs comme au temps où elle soutint l’effort des Lacédémoniens ligués avec les autres Grecs, si elle juge convenable de faire couvrir par

  1. Les Thébains, avec lesquels la guerre était imminente.
  2. Il y a ici quelque embarras dans le texte ; nous avons essayé d’en rendre l’interprétation aussi nette que possible.
  3. C’est ce qu’on avait fait au commencement de la guerre du Péloponnèse, quand Périclès avait opposé une flotte redoutable aux Lacédémoniens. Voy. Thucydide, Il, et Plutarque, Périclès, xxxiii.