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CHAPITRE IV.


Des marches à la guerre.


Dans les marches, le commandant doit toujours veiller tantôt à soulager le cheval du poids du cavalier, tantôt à faire reposer le cavalier de la marche à pied ; et le moyen, c’est de ne faire ni longues traites, ni longues chevauchées. Si vous songez à prendre ce moyen terme, vous ne ferez point d’erreur : car chacun a conscience de la mesure de ses forces et est averti de ne pas l’excéder. Quand tu es en marche et que tu n’es pas sûr de ne point rencontrer l’ennemi, il faut que les escadrons ne mettent pied à terre que tour à tour. Autrement, ce serait chose grave, si l’ennemi les surprenait tous à bas de leurs chevaux. Lorsque tu traverses un passage étroit, tu dois commander un défilé par le flanc ; si la route est large, il faut donner à chaque escadron un large front de bandière ; enfin, quand vous êtes arrivés en plaine campagne, il faut reformer tous les escadrons en phalange.

Il est bon, comme exercice, de faire ces manœuvres, et il est agréable de faire des marches, en en variant la continuité par ces évolutions. Toutefois, quand vous quittez les grands chemins pour entrer dans des pas difficiles, il sera fort utile, en pays ennemi ou ami, d’envoyer des éclaireurs en avant de chaque escadron ; s’ils rencontrent des bois impénétrables, ils pénétreront et indiqueront aux cavaliers les manœuvres à faire, pour que des files entières ne s’égarent pas. Si l’on marche à proximité d’un danger, un chef prudent enverra éclaireurs sur éclaireurs pour reconnaître les positions de l’ennemi. Il est encore utile, soit pour l’attaque, soit pour la défense, que les corps s’attendent les uns les autres dans les passages difficiles : en se pressant trop de suivre les chefs de file, les derniers cavaliers surmèneraient leurs chevaux. Presque tout le monde sait cela, et pourtant il en est peu qui veuillent prendre cette peine.

Il convient que le commandant, durant la paix, étudie lui-même, non-seulement le pays ennemi, mais le sien même ; si cette connaissance lui manque, il doit prendre avec lui des gens qui aient exploré exactement chaque localité. En effet, il