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prison, et non pas une armure. Comme le cou est une partie exposée aux blessures mortelles, nous disons qu’il faut le garantir au moyen d’un hausse-col tenant à la cuirasse : car, outre qu’il servira d’ornement, il pourra, s’il est bien fait, couvrir jusqu’au nez le bas de la figure du cavalier. Nous regardons comme les meilleurs casques, ceux qu’on fabrique en Béotie : ils couvrent toutes les parties qui sont hors de la cuirasse, et ne gênent point la vue. Que la cuirasse soit faite de manière à n’empêcher le cavalier ni de s’asseoir, ni de se baisser. Que le bas-ventre, les parties et ce qui les entoure, soient couverts d’écailles assez fortes et assez nombreuses pour les protéger. Comme une blessure à la main gauche met un cavalier hors de combat, j’approuve l’arme qu’on a imaginée pour la défendre, et qu’on appelle main. Elle garantit l’épaule, le bras, le coude et le poignet qui tient la bride ; elle s’étend et se plie à volonté ; elle couvre, en outre, le défaut de la cuirasse sous l’aisselle. Il faut lever la main droite, soit pour lancer le javelot, soit pour frapper l’ennemi : on doit donc faire disparaître de la cuirasse tout ce qui gêne ce mouvement, et y substituer des écailles à charnières qui s’étendent quand le bras se lève, et se replient quand il s’abaisse. Nous trouvons meilleur que l’armure du bras soit mobile et s’y applique comme une jambière, que si elle était fixée au

    pointe… Dessus ce gobisson ou gambeson ils auoient une chemise de mailles longue iusques au dessous des genouïlz, appelé Auber ou Hauber, ie croy du mot albus, pource que les mailles de fer bien polies, forbies et reluisantes, en sembloient plus blanches. À ces chemises estoient cousues les chausses… Un capuchon ou coëffe, aussi de maille y tenoit pour mettre la teste dedans : lequel capuchon se reiettoit derrière, après que le chevalier s’estoit oste le heaulme, et quand ils vouloient se rafraîchir sans leuer tout leur harnois. Ajoutez un baudrier auquel pendait vne espee appellee brance en thiois ou alleman, et aucunes fois des nostres fauchon. Ils portoient aussi vne aultre sorte d’espee nommée badelaire qui semble auoir este large… Encores auoit le cheualier vn petit cousteau nommé misericorde, pource que de ce ferrement volontiers estaient occis les cheualiers abbattus…. Les cheualiers portoient aussi vn escu, voire couvert de lames d’escailles d’yuoire… ledit escu pendu à leur col, a vne courroye… Et pour la dernière arme deffensiue, vn elme ou heaume, fait de plusieurs pièces de fer, eslevees en pointe : et lequel couuroit la teste, le visage et chignon du col, auec la visière et ventaille, lesquelles se pouvaient lever et baisser pour prendre vent et haleine… Leur cheual estoit volontiers housse, c’est-à-dire couuert et caparassonné de soye : aux armes et blason du cheualier et pour la guerre de cuir boüilly : ou de bardes de fer. » On trouvera dans nos Chansons de geste, notamment dans les chansons de Roland, d’Alexandre, des Saxons, d’Antioche, de curieuses descriptions d’armure d’hommes et de chevaux qui confirment ce que dit Fauchet.