Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



CHAPITRE VII.


De la position à cheval, et des exercices du manège.


Supposons que le cavalier s’est fait amener son cheval et qu’il va monter : nous allons dire quels principes d’équitation il doit suivre pour son avantage et pour celui du cheval. Il faut d’abord que de la main gauche le cavalier saisisse convenablement les rênes auprès du mors ou de la gourmette, et que ces rênes soient lâches, de manière que, soit qu’il empoigne, pour monter, les crins voisins des oreilles, soit qu’il s’enlève au moyen de sa pique, il ne tire point son cheval.

De la main droite, il prendra les rênes près du garrot avec une poignée de crins, de sorte qu’en montant il ne tire point avec le mors sur la bouche de la bête. Quand il aura pris son élan pour se mettre en selle, il doit s’enlever de terre en s’aidant de la main gauche et en étendant en même temps la main droite. Par là, son ascension, même par derrière, ne sera point disgracieuse. Ensuite, la jambe une fois pliée, qu’il ne pose point le genou sur le dos du cheval, mais qu’il passe la cuisse par-dessus pour arriver au côté droit ; puis, le pied, grâce à ce mouvement gyratoire, se trouvant à sa place, l’homme s’établira sur ses fesses. Comme il peut arriver à un cavalier de mener son cheval de la main gauche et de tenir sa javeline de la droite, nous trouvons bon qu’il s’accoutume à monter du côté droit. Toute sa science se réduit alors à faire de la gauche ce qu’il faisait de la droite, et de la droite ce qu’il faisait de la gauche. Je loue fort cette méthode, parce que, aussitôt monté, on est prêt à tout, s’il faut soudainement en venir aux mains avec l’ennemi.

Le cavalier, monté à poil ou sur selle, ne doit pas, à mon gré, se tenir assis comme sur un siége, mais droit, comme s’il était debout, les jambes écartées. De cette manière on tient mieux son cheval entre les cuisses, et cette attitude droite donne plus de force soit pour lancer le javelot, soit pour frapper de près, au besoin. À partir du genou, la jambe et le pied doivent tomber librement. Roide, la jambe pourrait se casser au moindre heurt, au lieu que, pendante, si quelque chose la heurte, elle cède et ne dérange pas la cuisse[1].

  1. Les préceptes de tenue donnés ici par Xénophon sont en partie ceux de l’école franco-italienne, d’après lesquels le corps du cavalier, placé en selle, se divise en trois parties, dont deux mobiles et une immobile. Celle-ci comprend depuis les hanches jusqu’au-dessous des genoux ; les deux parties mobiles sont le haut du corps et les jambes. Le cavalier doit avoir la tête droite, les épaules bien effacées et tombantes, les coudes près du corps, le buste droit et penchant plutôt en arrière qu’en avant, les cuisses tournées en dedans et posées à plat sur la selle, les genoux aussi en dedans, les jambes tombantes, les étriers longs et n’y chaussant le pied que jusqu’à la racine du pouce, les pointes des pieds tournées en dedans dans la direction de l’épaule du cheval. À toutes les allures, même au grand trot et au galop, le cavalier doit conserver cette position. — Voy. L’Encyclopédie moderne de F. Didot, t. XIV, p. 299, article Équitation, par le général Marbot.