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cailloux, ronds, gros comme le poing, du poids d’une mine[1], et entourés d’une bordure de fer, pour qu’ils ne s’éparpillent pas. En se tenant là-dessus, le cheval s’exercera une partie du jour, comme sur une route pierreuse. D’ailleurs, tandis qu’on l’étrille ou qu’il s’agite pour chasser les mouches, il se sert nécessairement de ses pieds comme s’il marchait. Un autre avantage, c’est que ces pierres roulantes lui durciront les fourchettes. Cependant, autant il faut durcir les sabots, autant on doit chercher à rendre la bouche tendre[2]. Or, on attendrit par les mêmes moyens la peau de l’homme et la bouche du cheval.



CHAPITRE V[3].


Des devoirs du palefrenier.


Je crois qu’un homme de cheval doit avoir un palefrenier qui sache s’y prendre avec les chevaux. Il doit donc savoir qu’il ne faut jamais nouer le licou à l’endroit où pose la têtière, parce que le cheval, en se frottant souvent la tête à la mangeoire, s’écorcherait les oreilles, si le licou n’était pas bien placé ; or, ces parties une fois endommagées, le cheval serait plus difficile à brider et à panser. Il est bon aussi d’enjoindre au palefrenier d’enlever chaque jour le fumier et la litière, et de les porter dans un endroit désigné : l’habitude une fois prise, il le fera sans peine, et le cheval s’en trouvera mieux. Le palefrenier doit aussi savoir que, quand il mène son cheval au pansage et à l’endroit où il se roule, il faut lui mettre la muselière, ce qu’il faut faire encore chaque fois qu’on ne met pas la bride : la muselière, en effet, permet au cheval de respirer et l’empêche de mordre ; et il n’est rien qui l’empêche plus sûrement de jouer de mauvais tours.

  1. Quatre cent trente-six grammes.
  2. On voit que Xénophon appelle l’attention sur les deux points les plus importants dans la locomotion : 1° les quatre pieds formant la base de sustentation ; 2° la bouche servant à la direction et à la conduite de l’animal. Pour rendre la bouche du cheval fraîche et tendre, on avait l’habitude alors de la laver avec de l’eau tiède et de l’huile. L. B.
  3. M. de Lancosme-Brèves trouve ce chapitre et le suivant de nature à mériter l’attention la plus grande de tout homme de cheval.