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fatigue moins le cavalier que celui qui a la jambe roide. Quand la partie de la jambe placée sous l’omoplate est charnue, elle offre apparemment, comme chez l’homme, plus de force et plus de grâce. Plus le poitrail est large, plus cette disposition est heureuse sous le rapport de la beauté comme de la vigueur, et parce qu’elle donne aux jambes un écartement qui empêche l’embarras de l’allure. Au sortir de la poitrine, le cou ne doit pas pencher comme celui d’un sanglier, mais il doit remonter en ligne droite comme chez le coq, et être évidé à l’endroit de la flexion. La tête doit être sèche et la ganache[1] petite, de sorte que l’animal ait son cou devant le cavalier, et qu’il voie bien à ses pieds. Un cheval dans cette attitude ne forcera jamais la main, quelque fougueux qu’on le suppose : car ce n’est pas en se ramenant, mais en tendant le cou et la tête, que les chevaux essayent de s’emporter. Il faut encore examiner si les deux barres[2] sont sensibles, dures ou inégales : car d’ordinaire les chevaux qui les ont inégales ont la bouche fausse[3].

L’œil à fleur de tête est plus vif que l’œil enfoncé, et la vue a plus d’étendue. Les naseaux ouverts annoncent plus d’haleine, et donnent au cheval une expression plus terrible que des narines resserrées : c’est, en effet, lorsqu’il est irrité contre un autre, ou lorsqu’il s’anime contre le cavalier, qu’il ouvre davantage les naseaux.

Le front large, les oreilles petites, caractérisent mieux la tête du cheval. Le garrot élevé offre au cavalier une assiette plus sûre, ainsi que le moyen de mieux se lier aux épaules. Les reins doubles sont plus doux pour le cavalier[4] qu’une épine saillante et sont plus agréables à l’œil. La côte ample et un peu arrondie vers le ventre contribue à donner au cheval de l’agrément, du fonds et de la facilité d’entretien. Plus le rein sera large et court, plus le cheval aura d’aisance à enlever le devant et à engager l’arrière-main[5]. En outre, le flanc en paraîtra plus court, tandis que, lorsqu’il est long, il défigure le cheval et lui donne l’air faible et pesant. La croupe

  1. La mâchoire inférieure. La petitesse et la sécheresse de la tête sont un signe de légèreté et de beauté. L. B. — Cf. Virgile, Géorg., II, 5 et suivants.
  2. Parties extérieures de la bouche.
  3. Nous verrons au chapitre m ce qu’on entend par bouche fausse.
  4. On conçoit que, montant à poil, l’épine saillante devait présenter un siège peu commode au cavalier. L. B.
  5. Le train de derrière.