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en temps de guerre, de plus avantageux pour les citoyens que des troupes mercenaires ? Il est tout naturel, en effet, qu’elles soient toujours les mieux disposées à supporter la fatigue, à braver le danger, à faire bonne garde ? Enfin les villes voisines ne souhaiteraient-elles pas, de toute nécessité, de vivre en paix avec des gens toujours en armes ? Car c’est surtout avec un corps de troupes réglées qu’on peut défendre le bien de ses amis, et ruiner ses ennemis. Or, si les citoyens sont convaincus que ces troupes ne font aucun mal à quiconque ne fait aucun tort, qu’elles s’opposent, au contraire, aux actes des malfaiteurs, défendent les opprimés, prévoient et bravent le danger pour les citoyens, comment ne seraient-ils pas tout disposés à s’imposer volontairement pour elles ? Ils entretiennent, en effet, des gardes pour des objets moins importants. »



CHAPITRE XI.


Tous les efforts du tyran doivent avoir pour but de rendre heureux ses concitoyens.


« Il faut encore, Hiéron, ne pas balancer à dépenser quelque chose de ton revenu pour le bien public : car je suis d’avis que les dépenses faites pour une ville sont parfois beaucoup plus utiles à un tyran que celles qu’il fait pour lui-même. Entrons dans le détail. Crois-tu d’abord qu’une maison bâtie à grands frais te donnerait plus de relief qu’une ville tout entière fortifiée de murailles, embellie de temples, de portiques, de places, de portes ? Paré d’armes formidables, semblerais-tu plus redoutable à tes ennemis que si la ville tout entière était bien armée ? Comment crois-tu pouvoir grossir tes revenus ? Sera-ce en faisant valoir ce qui t’appartient en propre, ou en trouvant l’art de faire valoir le bien de tous les citoyens ?

« Une des occupations les plus belles et les plus distinguées dans l’opinion, c’est l’élève des chevaux pour les courses de chars : crois-tu qu’il te sera plus honorable d’être celui de tous les gens qui nourrissent et envoient aux panégyries la plus grande quantité d’attelages[1], que si un grand nombre de

  1. Pindare le loue des victoires remportées par ses chevaux dans la 1re et dans la 2e Pythique.